Dimanche 9 août

Depuis mardi dernier, une partie de nous même est tournée vers un pays étrangement lointain et proche. Le commerce que les français entretiennent avec le Liban est avant tout de cœur, et l’écho de la terrible catastrophe qui frappe Beyrouth résonne profondément ici. Toutes les nouvelles qui parviennent du Liban ramènent à de terribles questions : comment meurt un pays ? Et celui-ci existera-t-il encore dans quelques mois ? L’Histoire nous apprend souvent que des événements parfois minuscules, des circonstances légères ou ridicules peuvent provoquer les plus grands effondrements. Au Liban à peine constitué de la moitié du dix-neuvième siècle, c’est d’abord la crise de la sériciculture et la chute des marchés vers l’Europe, ajoutée à une démographie explosive, qui provoqua un mouvement d’émigration vers les Amériques qui toucha en trente ans plus du quart de la population. Un minuscule papillon, le Bombyx mori  brise dans la plaine de la Beeka le système de la Mushâ’, ces terres détenues collectivement, facilitant le développement de la propriété privée sous le mandat français. Aujourd’hui, c’est donc le nitrate d’ammonium qui en a peut-être déjà fini avec le Liban. Un engrais agricole à la con, une poudre blanche inodore, qu’aucun bombyx mori n’a jamais ruminé, qui ébranle en profondeur un pays tout entier.
Dima El-Horr est réalisatrice et libanaise. Elle vit entre Paris, Lagrasse et Beyrouth, où elle visite famille et amis plusieurs fois par an. Elle nous présentera, jeudi prochain à l’abbaye, dans une soirée de cinéma en plein air, La fille au scooter, le dernier film documentaire qu’elle a réalisé à Beyrouth en 2019. Juste avant le suspend de la pandémie, elle venait d’y terminer le tournage d’un nouveau film consacré à Siro, Sirvat Fazelian, une artiste libanaise, peintre et comédienne rencontrée en 2010 sur le tournage de son premier long métrage, Chaque jour est une fête.
Dima El-Horr nous propose ici, dans Corbières-Matin et jusqu’au 14 août, une petite série documentaire autour des communications téléphoniques qu’elle a régulièrement continué à avoir avec Siro. Des échanges par delà le silence des pays confinés, qui évoquent les questions que se pose la vieille femme, les douleurs de Beyrouth et du Liban plongés dans une profonde crise économique, politique et sociale, mais aussi la nostalgie et les espoirs de Dima. En ces jours où le drame s’est rajouté au drame, nous sommes heureux et fiers de ce rendez-vous quotidien.

18 h : dénicher les ours

Ce n’est pas une thématique, loin de là. Ceux qui ont assisté, jeudi soir, au formidable dialogue de Nastassja Martin avec Yann Potin et quelques autres âmes qui passaient par là, ont pu remarquer à quel point on avait peu parlé de l’ours. Celui qu’elle rencontra sur une montagne du Kamtchatka et qui l’a laissa pour morte. Qui l’envoya en devanture des librairies et des médias lorsque parut son livre, « Croire aux fauves » (Verticales oct. 2019). On perçut tout de suite que le malentendu qui transforma cette jeune et brillante anthropologue en lutteuse de foire à mains nues était pour elle une blessure plus vive que celles laissées par la mâchoire ursidée. On ne parla pas d’ours. Mais des peuples du grand nord arctique qu’elle étudie depuis dix ans. Et ce fut magnifique.
Parlera-t-on d’ours, cet après-midi, avec Jean-Baptiste Harang, qui l’affiche dans le titre de son dernier roman ? On verra. On est là pour voir. Ou alors, on parlera de dénicheur. À Narbonne, un établissement de la banlieue commerciale s’affiche à cette enseigne (Nous souhaitons que chaque consommateur puisse acheter au bon prix. Pour cela, nous collectons les prix de tous les sites marchands connus. Vous êtes toujours assuré de trouver le prix le plus bas en haut de nos pages produit, car nul ne peut payer pour remonter sur la liste.) On verra.
Le livre de Jean-Baptiste Harang parle, lui, de « journées qui commencent par le siège », d’écrivain perdu et de la peau de l’ours. Tiens, un ours ?…

22 h : deux fois Madame Bovary

Le roman de Gustave Flaubert est un de ceux qui a été le plus souvent adapté au cinéma. Avec des libertés plus ou moins grandes. Ce soir et demain soir, nous proposons aux étoiles deux regards différents, deux distances paradoxales au texte flaubertien. Jacques Comets, qui a imaginé pour nous ce diptyque, revient ici sur les liens secrets, plus ou moins évidents, entre les œuvres de Vicente Minelli (ce soir) et de Manoel de Oliveira (lundi).

Se séparer du monde

6/6 artistes et ornements

Nous nous sommes donc retirés du monde.
En l’espace de vingt-quatre heures, il a fallu tout abandonner. Le travail, les amis, les habitudes, jusqu’à l’espace aimable de la ville ou des campagnes. Il y allait de notre vie, de celle de nos proches. Et même si les moyens modernes de communication nous ont évité d’être tout à fait isolé, nous avons tous, ou presque, vécu ce printemps confiné comme une épreuve.
Pourtant, dans l’histoire de notre humanité, ce mouvement radical d’abandon du monde et des autres hommes a toujours existé. Reclus, ermites, anachorètes et stylites, cénobites, ascètes ou gymnosophistes, ils se sont tous confinés par vouloir…
Nous vous proposons aujourd’hui le dernier épisode de notre série sur les ermites.
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Le dernier mot

Et vous, quel est le dernier mot que vous avez cherché dans le dictionnaire ?
Pour quoi, et où vous a-t-il mené ?…
Aujourd’hui, c’est Antoine Beauchamp qui nous répond. Journaliste à France Culture, Antoine est un habitué du Banquet. Évidemment, d’habitude, c’est lui qui pose les questions…

Un été avec Delibes

Miguel Delibes est né il y a cent ans, à Valladolid, en Castille. Il est l’auteur d’une magnifique œuvre romanesque qui célèbre la campagne espagnole et ses fantômes, le peuple muet des années de dictature, mais aussi les affres de la petite bourgeoisie des villes ou la grande histoire du pays. La plupart de ses livres sont parus, en français, aux éditions Verdier.
Cette série vous propose de découvrir sa biographie, des extraits de ses livres, l’analyse des principaux thèmes qu’ils illustrèrent, et de retrouver, en six épisodes, le film documentaire que lui consacra, en l’an 2000, la série de France 3, Un siècle d’écrivains.

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La carte est le territoire

Tout au long de ce cycle estival, nous nous poserons la question des cartes. Et de la façon dont elles inventent l’image d’un territoire, d’un chemin, mais aussi de réalités plus complexes. La carte est un outil pour se situer dans l’espace, pour se déplacer, mais aussi pour faire surgir d’un territoire des réalités plus symboliques.
Comme celle choisie aujourd’hui, qui indique les temps de parcours en chemin de fer, en 1882, entre Paris et quelques villes de province… Pour s’en souvenir sur nos quais de gare, lorsque le haut-parleur nous annoncera un insupportable retard de dix minutes qui nous laisse fulminants…

Un samedi pour Lire et Lier

Yann Potin et Patrick Boucheron, à midi aux étiroirs, début d’exploration du site de Lagrasse, carte en main…

18 heures, Michel Jullien et Laurence Biaunié lisent La corde des extases

Puis à la nuit tombée, le comédien Christophe Brault et le préhistorien François Bon dans les plis du temps.

À Lagrasse, le port du masque est souhaité. Il est obligatoire dans la librairie de la Maison du Banquet, comme dans tous les commerces du village.

Il est fortement conseillé dans l’enceinte de l’abbaye, jusqu’à prendre place.

Les chaises seront installées en respectant les distances préconisées.

Le nombre de participants à nos rencontres étant limité, il est possible de réserver ses places pour les rencontres de l’après-midi à :

reservationlirelier@gmail.com en indiquant le prénom et le nom pour chaque réservation.

Pour tous les autres, l’entrée sera possible dans la limite des places restantes.

Pass journée 6€ ou adhésion sur place.

Gratuité pour les adhérents à l’association présentant leur carte 2020

Numéros précédents

Corbières-Matin n°112, du samedi 8 août 2020
Corbières-Matin n°111, du vendredi 7 août 2020
Corbières-Matin n°110, du jeudi 6 août 2020
Corbières-Matin n°109, du mercredi 5 août 2020
Corbières-Matin n°108, du mardi 4 août 2020
Toutes les archives de Corbières-Matin

 

Emmanuel Fremiet, le sculpteur qui réalisa cette statue, Dénicheur d’oursons, exposée à Paris au Jardin des plantes, et qui donna son titre au dernier roman de Jean-Baptiste Harang, est le statuaire officiel de la troisième République. Spécialiste des œuvres de commandes patriotiques, il excelle dans l’art animalier. Emmanuel Fremiet met en scène l’homme et l’animal, comme dans « Gorille femelle emportant une négresse » exposé au salon de 1859 (et dont on demanderait aujourd’hui qu’un autre titre lui soit choisi) ou « Pan et Oursons » (1867), ainsi que des scènes préhistoriques et de nombreuses statues de groupes équestres. Une de ses œuvres les plus connues est sa statue équestre de Jeanne d’Arc, place des Pyramides à Paris. Il reçoit une médaille d’honneur au Salon de 1887 avec « Gorille enlevant une femme », qui fait scandale. Pour « Gorille enlevant un Juge », il fallut attendre 1952, et Georges Brassens…

dimanche 9 août

midi sous le pont : Espacer le temps : essais de cartographies parlées, avec Yann Potin et Patrick Boucheron. Carte en main, une géographie mouvante, et émouvante, d’un côté à l’autre des ponts de Lagrasse. Aujourd’hui, nous nous retrouvons à midi sous le pont neuf, côté village : au bas de la Promenade, juste au début du chemin de Patatou…
18h à l’abbaye : Dénicheur d’oursons, rencontre avec Jean-Baptiste Harang

Jean-Baptiste Harang est un amoureux de la langue, des titres de romans et des premières phrases. On ne veut pas dire qu’il s’intéresse moins aux autres, celles qui suivent. Mais simplement qu’il a l’air de penser qu’une histoire commence toujours par un début, et qu’à y être, autant en faire le meilleur cas possible. Il a publié onze livres, tous avec des titres impeccables et des premières phrases parfaites. On parlera de ça, et de son dernier roman, Dénicheur d’oursons, paru juste avant le grand enfermement aux éditions Grasset.
22h à l’abbaye : Cinéma aux étoiles, 2 fois Madame Bovary
Ce soir, Madame Bovary, de Vicente Minelli (1949), avec Jennifer Jones, Van Heflin et Louis Jourdan. Entrée libre et gratuite. Séance en plein air. Se soucier du frais.

 

lundi 10 août

midi sous le pont, sous la halle ou ailleurs : Espacer le temps : essais de cartographies parlées, Yann Potin et Patrick Boucheron. Carte en main, une géographie mouvante, et émouvante, d’un côté à l’autre des ponts de Lagrasse.
18h à l’abbaye : Permafrost, Eva Baltasar

Ce sera sûrement un des romans de la rentrée. Permafrost est son premier texte publié en France, traduit du catalan par Annie Bats pour Verdier. Eva Baltasar est une joyeuse découverte. Cette jeune écrivaine barcelonaise, qui publie aussi de la poésie, a connu avec Permafrost un très grand succès en Espagne, lors de sa sortie en 2018.
22h à l’abbaye : Cinéma aux étoiles, 2 fois Madame Bovary

mardi 11 août

midi sous le pont, sous la halle ou ailleurs : Espacer le temps : essais de cartographies parlées, Yann Potin et Patrick Boucheron. Carte en main, une géographie mouvante, et émouvante, d’un côté à l’autre des ponts de Lagrasse.
18h à l’abbaye : Barbara Stiegler

Barbara Stiegler est philosophe. Elle enseigne depuis 2006 à l’université de Bordeaux, où elle est responsable pédagogique du master « Soin, éthique et santé ». Son livre Il faut s’adapter, Sur un nouvel impératif politique, paru au début de l’année 2019 chez Gallimard, fit événement. Elle était venue en parler à Lagrasse l’été dernier, pendant le Banquet du Livre. À la fin de ce mois d’août, elle publiera Du cap aux grèves, Récit d’une mobilisation. 17 novembre 2018 – 17 mars 2020 aux éditions Verdier.
22h à l’abbaye : Lire Voltaire. Actualités des Lumières, Antoine Lilti

Antoine Lilti est directeur d’études à l’EHESS depuis 2011 et responsable de la formation doctorale et du master d’histoire. Ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé et docteur en histoire, il a dirigé la revue Annales, Histoire sciences sociales de 2006 à 2011. Il a publié : Le Monde des salons. Sociabilité et mondanité à Paris au XVIIIe siècle (Fayard, 2005, traduction anglaise Oxford University Press, 2014), Figures publiques : l’Invention de la célébrité (Fayard, 2014) et L’Héritage des Lumières. Ambivalences de la modernité, Seuil, 2019.

mercredi 12 août

midi sous le pont, sous la halle ou ailleurs : Espacer le temps : essais de cartographies parlées, Yann Potin et Patrick Boucheron. Carte en main, une géographie mouvante, et émouvante, d’un côté à l’autre des ponts de Lagrasse.
18h à l’abbaye : La Maison de Dulcinée, Christophe Pradeau

Né en 1971 à Saint-Yrieix-la-Perche, Christophe Pradeau enseigne la littérature à l’université Paris-IV. Il est l’auteur de trois romans très remarqués par la critique, La Souterraine (2005), La Grande sauvagerie (2010), Les Vingt-quatre portes du jour et de la nuit (2017), tous trois parus aux éditions Verdier.
22h à l’abbaye : Lire l’avenir, lire les signes. Une conversation entre philosophie et psychanalyse, Mathieu Potte-Bonneville et Stéphane Habib

Philosophe et spécialiste de la pensée de Michel Foucault, Mathieu Potte-Bonneville a travaillé plusieurs années à L’Institut français, où il a inventé et mis en place le concept de la Nuit des Idées. Il est depuis un an directeur du département du développement culturel du Centre Pompidou.
Stéphane Habib est psychanalyste et philosophe. Il enseigne à l’Institut des Hautes Études en Psychanalyse (Paris). Il a publié, au début de cette année, Il y a l’antisémitisme, aux éditions Les Liens qui Libèrent et en poche chez Pocket, Faire avec l’impossible – Pour une relance du politique..

 

jeudi 13 août

midi sous le pont, sous la halle ou ailleurs : Espacer le temps : essais de cartographies parlées, Yann Potin et Patrick Boucheron. Carte en main, une géographie mouvante, et émouvante, d’un côté à l’autre des ponts de Lagrasse.
18h à l’abbaye : L’éternel retour de la France éternelle, Jean-Claude Milner
Il n’y a pas cette année de Banquet du Livre à Lagrasse ? Il y a quand même Jean-Claude Milner. Il ne manquerait plus que ça  !…

 

22h à l’abbaye : Cinéma, La fille au scooter, un film de Dima El-Horr

En présence de la réalisatrice.

 

vendredi 14 août

midi sous la halle : Rebonds, etc.
Que restera-t-il de ces onze jours passés ensemble ? Les distances barrières, ou le fil invisible qui nous aura unis ?…

 

 

Y a moins de monde, non, cette année ?…
19h à l’abbaye : Relire, Revenir, Mélanie Traversier

Historienne, comédienne, lectrice, auteure de plusieurs livres sur la musique et le genre, Mélanie Traversier est aussi une fidèle de Lagrasse et de ses Banquets.

 

et pis c’est tout…