Samedi 8 août

Loire, Alsou, Orbieu…

« Aux pieds de ces collines multiples, accidentées, aux arêtes vives, aux pentes abruptes, coule l’Alsou qui se jette dans l’Orbieu après l’ancien moulin de Boissède, ce fameux moulin que Charlemagne donna à son architecte Robert pour le récompenser d’avoir construit le monastère de Lagrasse… Sans doute vous n’y rencontrerez pas ces végétations opulentes, ces chevelures luxuriantes qui, pour beaucoup d’esthètes semblent constituer le critérium exclusif de tout beau paysage. Les arbustes y sont secs, crépus, mais ils sont variés. Cette diversité de plantes et d’arbustes entraine une exceptionnelle variété de feuillages, improvisant d’originales pochades aux mille teintes qui font ici le triomphe de l’automne. Depuis le vert sombre et presque noir du chêne vert, du chêne kermès, de l’ajonc, du ciste de Montpellier, jusqu’au vert cotonneux du ciste lanigère ; depuis le vert franchement vert du redoul, du garou, du camélée à trois coques, du buplèvre, jusqu’au vert tendre de l’amelanchier, du chèvrefeuille, de l’églantier et au vert argenté du genévrier ; depuis le jaune et l’oranger des térébinthes et des lentisques jusqu’au rouge flamboyant de certains buis ; sans parler des multiples euphorbes qui couvrent les talus, du chevelu frisé des fenouils, des élégants crêpés des santolines et des asparagus, ni des peupliers, des osiers, des tamarins qui bordent la rivière »…
Ainsi parlait le bon docteur Degrave, au retour de l’excursion qu’il conduisit pour la Société d’Études Scientifiques de l’Aude, le 29 avril 1906, dans les gorges de la Camarié, qui mènent à Lagrasse. Et on pense tout de suite, devant l’avalanche de « lisets piquants, garances voyageuses, bryones, giclefs élastiques, clématites viornes, flammules, doradilles, nombrils de Vénus, mufliers et rhinantes », à la conférence que Romain Bertrand donna voici trois ans au Banquet, et dans laquelle il soulignait à quel point les mots nous manquent désormais pour dire la nature dans son incroyable diversité (revoir la conférence).
Cette attention extrême à la nature qui nous entoure, nous enveloppe et se fond en nous, jusqu’à faire littérature, on la retrouve dans un livre formidable de Michel Jullien, paru cette année, juste avant la fièvre pangoline (Intervalles de Loire, Verdier).

 

Avec deux autres amis en quinquagénèse, il entreprit voici cinq ans de descendre la Loire à la rame, sur une barque de quatre mètres de long. Huit cent cinquante kilomètres à fleur de l’eau, tous les sens en éveil, et la mémoire, pour être « tout entiers au fleuve, seulement à ça… » Quelques journées, plusieurs douleurs et des milliers d’émotions plus tard, les trois amis joignent la mer, et reprennent pied sur le plancher des vaches du pays nantais (Taille : 1,35 m – 1,40m environ au garrot (femelle) – 1,45m (mâle) – Poids vif moyen : 600-700 kg (vaches) – 800  à 1000 kg (taureaux). Robe de nuance claire, de ton froment plus ou moins gris perle, exceptionnellement foncé. Muqueuses claires, bordure des oreilles dépigmentées)
« Six pieds rendus à la terre, on ne sait pas tellement quoi en faire... » Alors Michel Jullien en fit un livre, un des meilleurs que cette épidémie a pu étouffer… Cet après-midi, à 18 heures, dans les jardins de l’abbaye, il en lira un autre.

 

 

midi : essais de cartographies parlées

Là non plus, on ne devrait pas être trop loin de la rivière. À partir d’aujourd’hui, et jusqu’au 14 août, nous retrouverons chaque midi Patrick Boucheron et Yann Potin, les deux historiens qui célébrèrent mardi dernier, avec la nuit du 4 août, le début de ce cycle d’été. Yann et Patrick ont choisi les cartes pour nous parler du territoire. Ce rendez-vous quotidien, qui pourra se déplacer au fil des explications et des images, sera comme un atelier mouvant et plein de rebonds. Yann Potin nous en explique ici le principe.

18 h : Michel Jullien, « J’écris sous la menace… »

Le samedi 3 novembre 2018, dans le cadre d’un Banquet d’Automne intitulé « Histoires du moi, histoires du monde » Michel Jullien tenait une conférence : Ignorer, écrire. Elle parlait d’autobiographie et de son roman précédent, L’Île aux troncs, qui a pour cadre Valaam, en Russie, au début des années 1950. Les protagonistes sont des vétérans de la Grande Guerre Patriotique, et certains sont réels. Entre Histoires du moi et Histoires du monde, le récit penche franchement du second côté. Pourtant, l’histoire des déportations sur cette île n’est pas documentée, les archives n’ont pas été ouvertes. Dès lors, comme substitut, comme paradoxe, la composition du récit puise moins à l’Histoire qu’à l’imagination, c’est-à-dire à “un moi” des plus réceptifs. Écrire, ignorer ce sur quoi on se penche tout en sachant qu’on l’ignore, c’est écrire au plus près de soi-même, pas à pas… Il nous a semblé que son propos, plein de digressions et de sincérité, reste à réécouter.
 

22 h : François Bon, « Je vous parle d’un continent lointain… »

Professeur de préhistoire à l’université de Toulouse, François Bon conduit des recherches en Europe et en Afrique sur les premières sociétés d’Homo sapiens, et mène plusieurs chantiers archéologiques, en Occitanie comme en Éthiopie. Dans cette vidéo qui date de 2018, il se livre à l’exercice de l’abécédaire appliqué à la préhistoire. À la lettre « S », le mot « spécialiste »…

Se séparer du monde

5/6 Faï l’ermito !

Nous nous sommes donc retirés du monde.
En l’espace de vingt-quatre heures, il a fallu tout abandonner. Le travail, les amis, les habitudes, jusqu’à l’espace aimable de la ville ou des campagnes. Il y allait de notre vie, de celle de nos proches. Et même si les moyens modernes de communication nous ont évité d’être tout à fait isolé, nous avons tous, ou presque, vécu ce printemps confiné comme une épreuve.
Pourtant, dans l’histoire de notre humanité, ce mouvement radical d’abandon du monde et des autres hommes a toujours existé. Reclus, ermites, anachorètes et stylites, cénobites, ascètes ou gymnosophistes, ils se sont tous confinés par vouloir…
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La carte est le territoire

Tout au long de ce cycle estival, nous nous poserons la question des cartes. Et de la façon dont elles inventent l’image d’un territoire, d’un chemin, mais aussi de réalités plus complexes. La carte est un outil pour se situer dans l’espace, pour se déplacer, mais aussi pour faire surgir d’un territoire des réalités plus symboliques.
Aujourd’hui que Patrick Boucheron et Yann Potin commencent à se pencher sur les cartes de Lagrasse, celle que nous avons choisi de mettre en avant documente un bien étrange péril : dans la préfiguration du futur Parc Naturel Régional Corbières-Fenouillèdes, elle accompagne une étude sur les endroits de nidification des grands rapaces – l’Aigle de Bonelli, le Vautour percnoptère, l’Aigle royal, l’Aigle botté, le Circaète Jean-le-Blanc, le Faucon pèlerin, le Hibou Grand-Duc, le Vautour fauve, et 15 autres espèces protégées par l’Union Européenne…

À Lagrasse, le port du masque est souhaité. Il est obligatoire dans la librairie de la Maison du Banquet, comme dans tous les commerces du village.

Il est fortement conseillé dans l’enceinte de l’abbaye, jusqu’à prendre place.

Les chaises seront installées en respectant les distances préconisées.

Le nombre de participants à nos rencontres étant limité, il est possible de réserver ses places pour les rencontres de l’après-midi à :

reservationlirelier@gmail.com en indiquant le prénom et le nom pour chaque réservation.

Pour tous les autres, l’entrée sera possible dans la limite des places restantes.

Pass journée 6€ ou adhésion sur place.

Gratuité pour les adhérents à l’association présentant leur carte 2020

Pas de restauration cette année sur le site de l’abbaye

Nous vous invitons donc à réserver dans les restaurants du village, qui sont tous nos partenaires.
Le Bastion : 04 68 12 02 51
L’Hostellerie des Corbières : 04 68 43 15 22
Le 1900 : 04 68 12 17 67
La Cocote fêlée : 04 68 75 90 54
Le Café de la Promenade : 04 68 43 15 89
La Petite Maison : 04 68 91 34 09
Le Coupa Talen : 04 68 43 19 36
L’Entrepôte : 04 68 43 16 59
Le Temps des Courges : 04 68 32 33 32
Casses-croûtes chez Zivelli (charcuteries-fromages, 04 68 49 58 70) et au Récantou (tapas-glaces, 04 68 49 94 73)

Numéros précédents

Corbières-Matin n°111, vendredi 7 août 2020
Corbières-Matin n°110, du jeudi 6 août 2020
Corbières-Matin n°109, du mercredi 5 août 2020
Corbières-Matin n°108, du mardi 4 août 2020
Toutes les archives de Corbières-Matin

 

samedi 8 août

Midi aux Etiroirs : Espacer le temps : essais de cartographies parlées, avec Yann Potin et Patrick Boucheron. Carte en main, une géographie mouvante, et émouvante, d’un côté à l’autre des ponts de Lagrasse. La première séance se déroulera aux étiroirs, sous la salle des fêtes. (Prévoir un chapeau pour le soleil et une bouteille d’eau pour la soif…)

18h à l’abbaye : La corde des extases, Michel Jullien
Lecture d’un inédit, avec Laurence Biaunié.
Michel Jullien a publié en février dernier, juste avant que les librairies ne ferment, un très beau livre, Intervalles de Loire (Verdier) canotage littéraire au ras de l’eau, au fil du fleuve, dans le remous des sables, entre les îlots, sous les ponts. Le monde vu du fleuve, porté par le courant d’une langue pleine de sons, d’images et de ravissements.

22h à l’abbaye : Je vous parle d’un continent lointain, François Bon
Professeur de préhistoire à l’université de Toulouse, François Bon a dirigé le Centre de recherche français de Jérusalem. Il conduit des recherches en Europe et en Afrique sur les premières sociétés d’Homo sapiens, et mène plusieurs chantiers archéologiques, dans le sud de la France comme en Éthiopie. Ouvrages : Préhistoire, la fabrique de l’Homme (Seuil, 2009) ; Sapiens à l’œil nu (CNRS Éditions, 2019).

 

dimanche 9 août

midi sous le pont, sous la halle ou ailleurs : Espacer le temps : essais de cartographies parlées, Yann Potin et Patrick Boucheron
Carte en main, une géographie mouvante, et émouvante, d’un côté à l’autre des ponts de Lagrasse.
18h à l’abbaye : Dénicheur d’oursons, Jean-Baptiste Harang

Jean-Baptiste Harang est un amoureux de la langue, des titres de romans et des premières phrases. On ne veut pas dire qu’il s’intéresse moins aux autres, celles qui suivent. Mais simplement qu’il a l’air de penser qu’une histoire commence toujours par un début, et qu’à y être, autant en faire le meilleur cas possible.
Il a publié onze livres, tous avec des titres impeccables et des premières phrases parfaites. On parlera de ça, et son dernier roman, Dénicheur d’oursons, paru juste avant le grand enfermement aux éditions Grasset.
22h à l’abbaye : Cinéma aux étoiles, 2 fois Madame Bovary

 

lundi 10 août

midi sous le pont, sous la halle ou ailleurs : Espacer le temps : essais de cartographies parlées, Yann Potin et Patrick Boucheron
Carte en main, une géographie mouvante, et émouvante, d’un côté à l’autre des ponts de Lagrasse.
18h à l’abbaye : Permafrost, Eva Baltasar

Ce sera sûrement un des romans de la rentrée. Permafrost est son premier texte publié en France, traduit du catalan par Annie Bats pour Verdier. Eva Baltasar est une joyeuse découverte. Cette jeune écrivaine barcelonaise, qui publie aussi de la poésie, a connu avec Permafrost un très grand succès en Espagne, lors de sa sortie en 2018.
22h à l’abbaye : Cinéma aux étoiles, 2 fois Madame Bovary

mardi 11 août

midi sous le pont, sous la halle ou ailleurs : Espacer le temps : essais de cartographies parlées, Yann Potin et Patrick Boucheron.
Carte en main, une géographie mouvante, et émouvante, d’un côté à l’autre des ponts de Lagrasse.
18h à l’abbaye : Barbara Stiegler

Barbara Stiegler est philosophe. Elle enseigne depuis 2006 à l’université de Bordeaux, où elle est responsable pédagogique du master « Soin, éthique et santé ». Son livre Il faut s’adapter, Sur un nouvel impératif politique, paru au début de l’année 2019 chez Gallimard, fit événement. Elle était venue en parler à Lagrasse l’été dernier, pendant le Banquet du Livre.
À la fin de ce mois d’août, elle publiera Du cap aux grèves, Récit d’une mobilisation. 17 novembre 2018 – 17 mars 2020 aux éditions Verdier.
22h à l’abbaye : Lire Voltaire. Actualités des Lumières, Antoine Lilti

Antoine Lilti est directeur d’études à l’EHESS depuis 2011 et responsable de la formation doctorale et du master d’histoire. Ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé et docteur en histoire, il a dirigé la revue Annales, Histoire sciences sociales de 2006 à 2011. Il a publié : Le Monde des salons. Sociabilité et mondanité à Paris au XVIIIe siècle (Fayard, 2005, traduction anglaise Oxford University Press, 2014), Figures publiques : l’Invention de la célébrité (Fayard, 2014) et L’Héritage des Lumières. Ambivalences de la modernité, Seuil, 2019.

mercredi 12 août

midi sous le pont, sous la halle ou ailleurs : Espacer le temps : essais de cartographies parlées, Yann Potin et Patrick Boucheron.
Carte en main, une géographie mouvante, et émouvante, d’un côté à l’autre des ponts de Lagrasse.
18h à l’abbaye : La Maison de Dulcinée, Christophe Pradeau

Né en 1971 à Saint-Yrieix-la-Perche, Christophe Pradeau enseigne la littérature à l’université Paris-IV. Il est l’auteur de trois romans très remarqués par la critique, La Souterraine (2005), La Grande sauvagerie (2010), Les Vingt-quatre portes du jour et de la nuit (2017), tous trois parus aux éditions Verdier.
22h à l’abbaye : Lire l’avenir, lire les signes. Une conversation entre philosophie et psychanalyse, Mathieu Potte-Bonneville et Stéphane Habib

Philosophe et spécialiste de la pensée de Michel Foucault, Mathieu Potte-Bonneville a travaillé plusieurs années à L’Institut français, où il a inventé et mis en place le concept de la Nuit des Idées. Il est depuis un an directeur du département du développement culturel du Centre Pompidou.
Stéphane Habib est psychanalyste et philosophe. Il enseigne à l’Institut des Hautes Études en Psychanalyse (Paris). Il a publié, au début de cette année, Il y a l’antisémitisme, aux éditions Les Liens qui Libèrent et en poche chez Pocket, Faire avec l’impossible – Pour une relance du politique..

 

jeudi 13 août

midi sous le pont, sous la halle ou ailleurs : Espacer le temps : essais de cartographies parlées, Yann Potin et Patrick Boucheron.
Carte en main, une géographie mouvante, et émouvante, d’un côté à l’autre des ponts de Lagrasse.
18h à l’abbaye : L’éternel retour de la France éternelle, Jean-Claude Milner
Il n’y a pas cette année de Banquet du Livre à Lagrasse ? Il y a quand même Jean-Claude Milner. Il ne manquerait plus que ça  !…

 

22h à l’abbaye : Cinéma, La fille au scooter, un film de Dima El-Horr

En présence de la réalisatrice.

 

vendredi 14 août

midi sous la halle : Rebonds, etc.
Que restera-t-il de ces onze jours passés ensemble ? Les distances barrières, ou le fil invisible qui nous aura unis ?…

 

 

Y a moins de monde, non, cette année ?…
19h à l’abbaye : Relire, Revenir, Mélanie Traversier

Historienne, comédienne, lectrice, auteure de plusieurs livres sur la musique et le genre, Mélanie Traversier est aussi une fidèle de Lagrasse et de ses Banquets.

 

et pis c’est tout…