Jeudi 6 août

La femme qui a vu l’ours

On avait choisi ça comme titre. On trouvait ça rigolo. Évidemment, quand on a vérifié, on a constaté qu’une douzaine d’articles avaient déjà ainsi été nommés, plus un film documentaire et un reportage photographique sur une chasseuse québécoise. C’est le problème avec les quotidiens qui paraissent une fois par an : on arrive toujours un peu après les autres faiseurs d’esprit…
Mais sur le site d’En attendant Nadeau, précieux opus numérique consacré à la littérature, on a rencontré l’épatant titre, celui qu’on aurait vraiment aimé trouver : Qu’a vu l’ours ?
Qu’a vu l’ours ? Au fond, c’est celle-là, la vraie question, suggérée par Nastassja Martin tout au long de son magnifique livre, Croire aux fauves (Verticales, 2019). Qu’a vu l’ours de cette jeune femme généreuse et curieuse ? Qu’a vu l’ours de ce monde qui dresse des barrières ontologiques entre les vivants ? Qu’a vu l’ours de cette irrésistible perte à laquelle nous courrons, entre saccage de tous les mondes sauvages et ensauvagement des rapports humains ?
La jeune anthropologue française raconte dans ce livre son compagnonnage avec les Évènes, un peuple du Kamtchatka qui entretient avec la nature des rapports très singuliers. Bien sûr, la pièce de bœuf du livre, c’est le récit de l’aventure qui justifie tout ça, sa rencontre, à la fin du mois d’août 2015, sur une montagne, avec un ours brun qui l’attaque et la laisse pour morte. « L’ours est parti depuis plusieurs heures maintenant et moi j’attends que la brume se dissipe. La steppe est rouge, les mains sont rouges, le visage tuméfié et déchiré ne se ressemble plus. Comme aux temps du mythe, c’est l’indistinction qui règne, je suis cette forme incertaine aux traits disparus sous les brèches ouvertes du visage, recouverte d’humeurs et de sang : c’est une naissance, puisque ce n’est manifestement pas une mort.« 
Mais la richesse du témoignage et des réflexions de Nastassja Martin, qu’elle vient ce soir partager avec nous, en dialogue avec Yann Potin, c’est tout le reste, qui tient à cette frontière entre les mondes, humain et animal, qu’elle a franchi dans une dangereuse et profonde convocation.

Croire aux fauves

Elle sera ce soir, à 22 heures, dans le parc de l’abbaye, en dialogue avec Yann Potin. Nastassja Martin était le 9 janvier dernier l’invitée du 28 minutes d’Arte…
« Dans ce face-à-face où ni le temps ni la modernité n’ont plus aucun sens, l’altérité la plus radicale est devenue une confrontation avec son double, avec l’intimité la plus troublante. Pour les Evènes, Nastia la miedka est désormais celle qui doit rêver pour la communauté, « celle qui vit entre les mondes » ; celle qui doit devenir l’intermédiaire entre les humains et les intentions des non-humains – elle doit donc rester. Ici aussi, rester à sa place, géographique et mentale, sociale et fonctionnelle.« 
Au mois de février dernier, le livre de Nastassja Martin faisait l’objet d’une critique sur le site A.O.C. Sophie Bogaert, critique et éditrice, revenait sur Croire aux fauves. Lire l’article…

Se séparer du monde

3/6     les Gaulois sont dans la plaine

 

Nous nous sommes donc retirés du monde.
En l’espace de vingt-quatre heures, il a fallu tout abandonner. Le travail, les amis, les habitudes, jusqu’à l’espace aimable de la ville ou des campagnes. Il y allait de notre vie, de celle de nos proches. Et même si les moyens modernes de communication nous ont évité d’être tout à fait isolés, nous avons tous, ou presque, vécu ce printemps confiné comme une épreuve.
Pourtant, dans l’histoire de notre humanité, ce mouvement radical d’abandon du monde et des autres hommes a toujours existé. Reclus, ermites, anachorètes et stylites, cénobites, ascètes ou gymnosophistes, ils se sont tous confinés par vouloir…
Lire la suite…

La carte est le territoire

Tout au long de ce cycle estival, nous nous poserons la question des cartes. Et de la façon dont elles inventent l’image d’un territoire, d’un chemin, mais aussi de réalités plus complexes. La carte est un outil pour se situer dans l’espace, pour se déplacer, mais aussi pour faire surgir d’un territoire des réalités plus symboliques.
Comme celle choisie aujourd’hui, qui documente une drôle de question (ou une question drôle ?) : de quel pays sommes nous le plus près, à vol d’oiseau, selon la région où l’on se trouve ?…
 

Le dernier mot

Et vous, quel est le dernier mot que vous ayez cherché dans le dictionnaire ?
Pourquoi, et où vous a-t-il mené ?…
Aujourd’hui, c’est Nicolas Werquin qui nous répond. Nicolas est professeur d’économie à la Toulouse School of Économics. Il vit à Lagrasse, et est membre du Conseil d’Administration du Marque-Page…
Marielle Macé et les oiseaux, hier soir dans le parc de l'abbaye de Lagrasse

À Lagrasse, le port du masque est souhaité. Il est obligatoire dans la librairie de la Maison du Banquet, comme dans tous les commerces du village.

Il est fortement conseillé dans l’enceinte de l’abbaye, jusqu’à prendre place.

Les chaises seront installées en respectant les distances préconisées.

Le nombre de participants à nos rencontres étant limité, il est possible de réserver ses places pour les rencontres de l’après-midi à :

reservationlirelier@gmail.com en indiquant le prénom et le nom pour chaque réservation.

Pour tous les autres, l’entrée sera possible dans la limite des places restantes.

Pass journée 6€ ou adhésion sur place.

Gratuité pour les adhérents à l’association présentant leur carte 2020

Pas de restauration cette année sur le site de l’abbaye

Nous vous invitons donc à réserver dans les restaurants du village, qui sont tous nos partenaires.
Le Bastion : 04 68 12 02 51
L’Hostellerie des Corbières : 04 68 43 15 22
Le 1900 : 04 68 12 17 67
La Cocote fêlée : 04 68 75 90 54
Le Café de la Promenade : 04 68 43 15 89
La Petite Maison : 04 68 91 34 09
Le Coupa Talen : 04 68 43 19 36
L’Entrepôte : 04 68 43 16 59
Le Temps des Courges : 04 68 32 33 32
Casses-croûtes chez Zivelli (charcuteries-fromages, 04 68 49 58 70) et au Récantou (tapas-glaces, 04 68 49 94 73)

Numéros précédents

Corbières-Matin n°109, du mercredi 5 août
Corbières-Matin n°108, du mardi 4 août
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Programme

jeudi 6 août

midi sous le pont : Brut de poésie, Jacques Bonnaffé
18h à l’abbaye : Manila Dream, Romain Bertrand
22h à l’abbaye : Dialogues, Nastassja Martin
Son livre, Croire aux fauves, paru en octobre 2019 aux éditions Verticales, a été un des événements de la dernière rentrée. Elle y raconte son aventure, à la fin du mois d’août 2015, dans les montagnes du Kamtchatka. Sa rencontre avec un ours, et la lutte dramatique qui s’ensuivit, dans laquelle elle fut près de perdre la vie. Mais le livre est aussi le récit des failles et des doutes sur la place de chacun dans ce monde, hommes et bêtes, corps et esprits. Une interrogation profonde et forte, qui a connu une nouvelle résonance dans la crise sanitaire que le monde vient de traverser.

Nastassja Martin est anthropologue, diplômée de l’EHESS et spécialiste des populations arctiques. Elle est l’auteure d’un essai, Les Âmes sauvages. Face à l’occident, la résistance d’un peuple d’Alaska, publié à La Découverte en 2016.

 

vendredi 7 août

midi sous le pont : Brut de poésie, Jacques Bonnaffé
18h à l’abbaye : Manila Dream, Romain Bertrand
21h à la Coop’art de Serviès en Val : Délirer, délier, Une nuit avec Jacques Bonnaffé
Dans le cadre incroyable de l’ancienne cave coopérative viticole du petit village de Serviès-en-Val, à 10 kilomètres de Lagrasse sur la route de Carcassonne, Jacques Bonnaffé et ses poèmes voyageurs nous donnent ce soir rendez-vous. Le peintre et sculpteur Philippe Aïni a choisi, il y a quelques années, de transformer ce temple viticole en galerie d’art. Le pari était un peu fou, mais chaque année Philippe Aïni propose des expositions de grande qualité, qui permettent de découvrir des artistes singuliers, souvent hors des modes et des marchés.

 

samedi 8 août

midi sous le pont, sous la halle ou ailleurs : Espacer le temps : essais de cartographies parlées, Yann Potin et Patrick Boucheron
Carte en main, une géographie mouvante, et émouvante, d’un côté à l’autre des ponts de Lagrasse.

18h à l’abbaye : La corde des extases, Michel Jullien
Lecture d’un inédit.
Michel Jullien a publié en février dernier, juste avant que les librairies ne ferment, un très beau livre, Intervalles de Loire (Verdier) canotage littéraire au ras de l’eau, au fil du fleuve, dans le remous des sables, entre les îlots, sous les ponts. Le monde vu du fleuve, porté par le courant d’une langue pleine de sons, d’images et de ravissements.

22h à l’abbaye : Je vous parle d’un continent lointain, François Bon
Professeur de préhistoire à l’université de Toulouse, François Bon a dirigé le Centre de recherche français de Jérusalem. Il conduit des recherches en Europe et en Afrique sur les premières sociétés d’Homo sapiens, et mène plusieurs chantiers archéologiques, dans le sud de la France comme en Éthiopie. Ouvrages : Préhistoire, la fabrique de l’Homme (Seuil, 2009) ; Sapiens à l’œil nu (CNRS Éditions, 2019).

 

dimanche 9 août

midi sous le pont, sous la halle ou ailleurs : Espacer le temps : essais de cartographies parlées, Yann Potin et Patrick Boucheron
Carte en main, une géographie mouvante, et émouvante, d’un côté à l’autre des ponts de Lagrasse.
18h à l’abbaye : Dénicheur d’oursons, Jean-Baptiste Harang

Jean-Baptiste Harang est un amoureux de la langue, des titres de romans et des premières phrases. On ne veut pas dire qu’il s’intéresse moins aux autres, celles qui suivent. Mais simplement qu’il a l’air de penser qu’une histoire commence toujours par un début, et qu’à y être, autant en faire le meilleur cas possible.
Il a publié onze livres, tous avec des titres impeccables et des premières phrases parfaites. On parlera de ça, et son dernier roman, Dénicheur d’oursons, paru juste avant le grand enfermement aux éditions Grasset.
22h à l’abbaye : Cinéma aux étoiles, 2 fois Madame Bovary

La suite du programme jusqu’au 14 août