SUR LE CHEMIN DES ARTS DE LIRE

La Maison du Banquet et des générations se transforme en Centre Culturel de Rencontres Les Arts de Lire.

Une nouvelle équipe prendra les rênes de cet établissement, pensé et construit sur l’aventure intellectuelle unique que l’association Le Marque-Page a dessiné à Lagrasse depuis un quart de siècle autour des éditions Verdier.

C’est dans cette perspective que les 14 et 15 mai 2021, un séminaire était organisé dans la partie privée de l’abbaye de Lagrasse.

 

Le projet de cette réunion de travail était de vérifier la pertinence des quatre thèmes sur lesquels nous souhaitons accompagner les équipes du CCR dans ces contrées des Arts de Lire, en confrontant ces quatre thèmes avec les meilleurs spécialistes, en ébauchant les pistes de recherches qui semblent les plus pertinentes :

Histoire et archéologie de la lecture à l’abbaye bénédictine de Lagrasse. Séparé en deux parties depuis la Révolution Française, le monument a connu depuis fonctions et destins parallèles, partageant un espace héritier d’une culture monastique fondée sur un certain art de lire. Comment établir l’articulation des logiques intellectuelles et matérielles qui ont guidé l’histoire et les pratiques de lectures au sein de l’abbaye de Lagrasse à l’époque moderne ?

 

L’Étude hébraïque à Narbonne au Moyen-Âge. Narbonne et sa région ont été, entre le Ve et le XIVe siècle un foyer essentiel de l’enseignement de la Torah et du Talmud. Des maîtres prestigieux enseignaient dans des yeshivot renommées en France et dans l’espace méditerranéen, et certains spécialistes voient, dans cette effervescence, peut-être le foyer où naquit la Kabbale

 

Lire les images du Moyen Âge : Lagrasse et les plafonds peints du Languedoc. A travers les découvertes des plafonds peints de Lagrasse, une réflexion sur l’invention du récit laïc iconographique interroge la mise en scène de l’identité : ce qu’habiter veut dire, bien au-delà de ce que l’on croyait connaître jusque-là, permet de relier autrement les cycles narratifs traditionnels produits par l’Église.

 

Les nouvelles scènes de la lecture. De tout temps, des premiers troubadours languedociens aux performances contemporaines, la littérature s’est déployée en oralité et écriture. Et ces dernières années, elle n’a cessé de s’échapper des livres pour rejoindre les scènes et les publics assemblés.

Histoire et archéologie de la lecture et de l’étude à l’abbaye bénédictine de Lagrasse.

Inscrire les arts de lire dans un espace monastique, à la fois hérité et érodé, oblige. Le futur Centre culturel de rencontres de l’abbaye publique de Lagrasse ne peut manquer de se confronter à une archéologie des pratiques de lecture qui passe sans détour par le moment médiéval, monastique et scolastique, de la lectio et plus encore de la lectura.

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Le sceau du dernier Roi des Juifs de Narbonne, Kalonymos ben Todros

Les Juifs de Narbonne au Moyen-Âge

L’étude, et son exigence majuscule, l’étude hébraïque, est un pilier fondateur des arts de lire. Dans la perspective de la transformation prochaine de la Maison du Banquet et des générations en Centre Culturel de Rencontre, et de l’ouverture de nouveaux champs de recherche, nous proposons donc de documenter le foyer d’études hébraïques de Narbonne qui se développa du 11e au 14e siècle.

Au début du 12e siècle, quand Rachi meurt à Troyes, la question de la récapitulation des savoirs s’impose à tous. Elle donnera naissance, un siècle plus tard, aux premières universités.

Les savants chrétiens entreprennent alors d’établir leurs versions des Écritures. L’heure est à la confrontation des mondes. La grande affaire des savants Juifs et Chrétiens de cette époque, c’est une interminable polémique sur le fondement de leur foi respective, avec une question centrale et prépondérante, celle du Christ.

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Les arts de Lire

Dédier un Centre Culturel de Rencontres aux arts de lire c’est supposer que, par-delà les injonctions morales (« lisez ! ») ou les statistiques de ventes en librairie, l’exercice de la lecture est justiciable d’une enquête qui en fasse apparaître la richesse et l’inventivité : il y a de multiples façons de lire, remarquables par leur diversité et leur histoire, et l’inventaire de ces pratiques réfléchies importe d’autant plus qu’elles jettent un pont entre la quête d’un sens intérieur au texte et la mise en partage de celui-ci auprès d’un public. Parce que le même mot de « lecture » désigne à la fois l’interprétation et la déclamation, l’exégèse et la profération d’un texte, le domaine des arts de lire trouve son volume dans cet espace compris entre le silence de l’étude et le « gueuloir » de Flaubert ;

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Lire le Moyen-Âge

Nous vivons environnés d’images ; apprendre à les lire, est-ce le moyen de se défaire de leur emprise ? Si l’Europe occidentale a toujours été secrètement travaillée par un iconoclasme latent, c’est sans doute dans le courant du XVIIe siècle qu’elle a imposé aux images une herméneutique de la lecture — et l’art de lire qui se développait alors dans les monastères et les communautés religieuses en fut l’un des laboratoires les plus actifs. Sémiologue de ce qu’il appelait la « force de frappe » de la puissance iconique et historien de la rhétorique de Port Royal, Louis Marin a tenté de poser des limites à cet empire des arts de lire, soutenant l’idée que les images se donnent à voir avant de se donner à lire. « Mais bien souvent, écrivait-il, avec les œuvres dites de représentation, de leur immédiate, de leur souveraine visibilité est induite leur exacte lisibilité. Or les deux regards ont des conditions et des intentions différentes, peut-être même contraires ».

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Trobar / No limit

Le corpus du Trobar. Le Trobar, cet « art poético-musical qui est à la fois un concept artistique, un concept amoureux et un engagement culturel et politique (…) un art de vivre », représente (en l’état des connaissances actuelles)  2 800 textes en langue d’Oc tous genres confondus (canso, sirventes, tenso, planh, devinalh…), 4 chansonniers (recueils) rassemblant des textes dont certains s’accompagnent de leur notation musicale, 260 cansos avec leur mélodie parmi lesquelles 248 sont d’attribution fiable, et 12 anonymes…

Les textes du Trobar ont fait l’objet, pour nombre d’entre eux, d’une numérisation et sont disponibles en libre accès sur les sites des grandes bibliothèques qui ont en charge leur conservation, telle la Bibliothèque Nationale de France et son site Gallica. Mais pour être réellement accessibles au lecteur d’aujourd’hui, ces textes nécessitent des clés de lecture.

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