Lundi 9 août 2021

Des livres pour témoins

Tout partira, toujours, d’un livre. Le parcours du Banquet, commencé il y a plus de vingt-cinq ans à Lagrasse, a toujours suivi le chemin des livres. Et au passage, il en a suscité quelques uns.
Le livre a toujours eu une place naturelle et centrale dans cette abbaye, du Moyen Âge à la Révolution. Des bénédictins des origines jusqu’à la congrégation de Saint-Maur, les moines faisaient vivre d’impressionnantes bibliothèques d’étude, ouvertes à la philosophie et aux pensées du temps. Nous, nous n’avons fait que renouer avec d’autres ambitions plus terrestres.
Les livres, donc, trouvèrent tout naturellement leur place dans le Banquet. Il y avait ceux des auteurs, qui nous avaient donné envie de les inviter, il y eut vite ceux qu’ils nous faisaient découvrir, puis ensuite ceux qu’ils écrivirent à partir de leurs visites à Lagrasse. Les livres, partout. Au point que nous avons vite éprouvé le besoin de bâtir deux librairies. Pas une. Deux.
Une pour l’année entière, pour les habitants de Lagrasse et des villages alentours. Une librairie – Le Nom de l’Homme – qui, selon les spécialistes de la chaine du livre (il y a des gens qui font des livres, ou qui les distribuent, et que ça ne gêne pas plus que ça d’employer ce joli mot de chaine, si léger, si libre et généreux) déjoue année après année toutes les analyses grincheuses sur « les difficultés de l’accès à la culture en zone rurale ».
La seconde librairie existe une fois par an, pendant une semaine, dans le grand cellier de l’abbaye, pour accompagner le Banquet et son territoire de pensée. Celle-là, on la doit à l’enthousiasme et à la ténacité de nos partenaires d’Ombres Blanches, à Toulouse, qui chaque année la bâtissent pierre à pierre pour sept jours, l’animent brillamment, et repartent en nous abandonnant une partie de sa recette. Mieux qu’un geste, une présence engagée.  Comme disait Mathieu Potte-Bonneville hier midi sous son arbre, c’est une « librairie éphémère ». Et il ajoutait : « Librairie éphémère, écoutez bien l’oxymore que cela fait »…
Tous ces livres, qui dessinent un vrai chemin, nous avons voulu en dresser la bibliothèque et son catalogue. Nous avons donc demandé à vingt-deux auteurs parmi les habitués du Banquet, de choisir une dizaine d’ouvrages qui marquèrent leur compagnonnage au Banquet. Ils sont tous affichés dans un coin de la librairie, en une joyeuse exposition dont le magnifique catalogue est offert à chaque client.
Les livres sont là, et leur histoire. Et s’il en fallait une preuve supplémentaire, Mathieu Potte-Bonneville la donna, à la fin de son propos, en parlant longuement de Moby Dick, « un livre né dans le ventre d’une bibliothèque »…
Début du parcours de l’exposition

16h, Christophe Cognet, en filmant, en écrivant.

Dans un livre remarquable (Éclats, Seuil 2019), et dans un film d’une rare intensité (À pas aveugles, L’Atelier documentaire, 2020 ; film projeté hier soir à l’abbaye – « Je suis un réalisateur qui a fait un livre, pas un écrivain qui a fait un film »), Christophe Cognet établit et analyse le corpus des photographies clandestines prises dans les camps nazis. Hier après-midi, il a magnifiquement parlé de son travail, de ces « actes inouïs de résistance » réalisés à grand péril par des déportés qui voulaient, quoi qui leur en coûte, témoigner en laissant ces images.
Christophe Cognet avait déjà, en 2014, dans un premier film – Parce que j’étais peintre – consacré un travail aux dessins et aquarelles produits dans les camps. Il expliqua, hier, la différence essentielle entre les deux : la photographie nécessite que l’on soit physiquement présent devant la scène à représenter. Au risque de tous les dangers. Le dessin, lui, peut être réalisé plus tard, quand et où l’on pourra se dissimuler pour jeter sur le papier le témoignage de ce que l’on a vu quelques heures plus tôt.

Serge Pey, la marche du poème

Tous les soirs à 19h19, dans le jardin de l’abbaye

Quelques destins

Des parcours de vie d’Audois, perdus dans les replis de l’histoire.

Aujourd’hui, Joseph Valent Compta, le défroqué de la République.

Jeune séminariste, il s’engage dès les premiers mois de la Révolution dans le mouvement de transformation radicale de la société. Au point de devenir, à Sigean, un des chefs du mouvement révolutionnaire. Mais on le sait bien, tout se paye…
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Idriss, quelle drôle d’année !

Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette année qui s’achève n’a ressemblé à aucune autre.
Pour en retrouver les sursauts, nous avons parcouru avec lui les archives d’Idriss Bigou-Gilles, jeune photographe de presse indépendant qui vit dans les Corbières.
En sept clichés, une drôle d’année, dont il faudra quand même se souvenir.
Photo n°3, Les circuits courts (28 avril 2020, dans l’exploitation maraîchère de Luc Pasquiet à Montlaur)

Pour l’entretien avec Idriss, cliquez sur la photo

Une enfance et la guerre

Dima El Horr est une réalisatrice franco-libanaise qui vit entre Paris, Lagrasse et Beyrouth. Elle a choisi, pour cette année de parcours, de revenir sur quelques histoires de livres et de lecture qui ont marqué son adolescence, pendant la guerre civile qui déchira le Liban entre 1975 et 1990.

Parcours de lecture

Parmi les grandes lectures qui ont marqué, depuis vingt-cinq ans, les nuits profondes ou les aimables après-midi du Banquet, il y eut ce parcours. Le 10 août 2010, dans le cadre du Banquet intitulé « Contre la gestion politique du tous, le souci du chaque-un », Mathieu Riboulet proposait à la lecture son choix de textes. On hésite aujourd’hui entre l’émotion de sa présence, et la force des textes choisis.

numéro 122

Le programme du jour

10h : ouverture des librairies et du bistrot
10h30 : Grand Petit Déjeuner, avec Christophe Cognet (jardins de l’abbaye)
12h30 : Passage de témoin, par Marielle Macé. (jardins de l’abbaye)
16h : Triple voix : Estelle Chauvard, Adrien Genoudet et Louise Piélat. Les trois lauréats de la Résidence partagée 2020 de la Maison du Banquet reviennent sur leurs travaux. (chapiteau de l’abbaye)
17h45 : La Criée (librairie du Banquet)
18 h : Rencontre Jeanne Favret-Saada et Arnaud Esquerre. (chapiteau de l’abbaye)
19h19 : Serge Pey, La Marche du poème (parc de l’abbaye)
21h30 : Lecture, Simon et Capucine Johannin (parc de l’abbaye)

Passage de témoin

C’est un nouvel exercice imaginé pour cette année. Il s’agit, pour un des « moteurs » du Banquet – ces compagnons qui font avancer le dirigeable, moteur gauche, réacteur de droite, aileron des étoiles, panneaux solaires, dérive derrière, écrivain, philosophe, historien – de venir, entre 12h30 et 13 heures, un livre en main, tenir récit et laisser au suivant une phrase, un paragraphe, une image qui l’obligera à rebondir et à poursuivre, le lendemain. Corps vivant exquis.
Hier, c’est Mathieu Potte-Bonneville qui lança l’affaire. Avec un malin plaisir. Au final, il laissa, comme une petite cassette en héritage, ces phrases tirées de la préface de Moby Dick à Marielle Macé, qui sera là ce midi :
« Je le revois, ce blême surveillant usé jusqu’à la transparence depuis ses vêtements jusqu’au cœur, au cerveau. Il époussetait éternellement ses vieux lexiques et ses grammaires avec un étrange mouchoir ironiquement égayé de tous les joyeux drapeaux de toutes les nations connues du monde. Il aimait à épousseter ses vieilles grammaires ; d’une certaine manière, cela lui rappelait avec douceur qu’il était mortel.« 

Mesures sanitaires

La nouvelle loi a rendu la passe sanitaire (vaccination complète, test PCR négatif ou certificat de rétablissement) obligatoire pour les manifestations comme le Banquet. Ce certificat vous sera donc demandé à l’entrée du site, où le port du masque est obligatoire.

Si vous n’êtes pas vacciné, la pharmacie de l’Orbieu réalise gratuitement des tests (sauf dimanche ; se munir de sa carte vitale) et délivre ensuite un document qui vous permettra d’assister au Banquet.

« Tout ce qui augmente la liberté augmente la responsabilité. Être libre, rien n’est plus grave ; la liberté est pesante, et toutes les chaînes qu’elle ôte au corps, elle les ajoute à la conscience. » Victor Hugo
Monsieur ! La séance est terminée, il faut rentrer chez vous, maintenant !…

Exposition Des Jardins

Lauréats de la Résidence partagée de la Maison du Banquet et des générations en 2020, qui se tint autour du thème Des Jardins, Estelle Chauvard (designer), Adrien Genoudet (historien, écrivain et cinéaste) et Louise Piélat (paysagiste) présente jusqu’à l’automne dans l’abbaye une exposition sur les jardins de Lagrasse ou d’ailleurs, imaginaires ou tangibles.
Ils rencontreront le public du Banquet lundi 9 août, à 16 heures.
Pour les retrouver dans un reportage vidéo réalisé pendant la résidence, Cliquez ici.

Sur le chemin des arts de lire

Dès le début de l’année prochaine, à l’enseigne des Arts de Lire, un Centre Culturel de Rencontres va prendre le relais, dans l’abbaye publique, de la Maison du Banquet et des générations. Pour commencer à défricher quelques uns des chemins possibles qui s’ouvrent devant nous, Le Marque-Page a organisé, au printemps dernier, un colloque avec les meilleurs spécialistes. Retrouvez leurs contributions sur les quatre thèmes abordés, « Histoire et lecture du bâtiment de l’abbaye bénédictine de lagrasse ; Lecture des images du Moyen-Âge ; L’étude hébraïque à Narbonne au Moyen-Âge ; Les nouvelles scènes de la lecture.   Cliquez ici.