Photo n°2. Escouto Can Plaou

Juin 2020 ; un mariage gitan

Escouto can plaou.
Le mélange et la fragilité des frontières est déjà dans ce nom, qui sonne comme un petit proverbe.
Escouto Can plaou – qui signifie « écoute s’il pleut » – est un mélange d’occitan et de catalan. Un mélange. Comme la langue des gitans de l’Aude, qui emprunte à l’espagnol et aux deux langues sœurs, l’occitane et la catalane. Ce nom à cheval désigne un lieu-dit, au nord de la petite ville de Lézignan-Corbières, une ancienne décharge d’ordures, un bout de garrigue pelée, écrasée par le soleil, où depuis plus de cinquante ans se sont « sédentarisées » des familles gitanes, dans des petites maisons finies à l’astuce.
Un quartier perdu, rattrapé par l’extension des villas pondues à la chaine, un quartier où personne ne va, que personne ne veut voir. Il suffit d’essayer d’en savoir un peu plus : pas un mot sur le site de la ville, pas un mot sur sa page Wikipédia. « Escouto », comme on l’appelle ici, n’existe pas.
C’est sûrement plus simple…
Idriss Bigou-Gilles est un jeune photographe de presse indépendant qui vit et travaille dans les Corbières depuis quelques années. Il a l’habitude de suivre et d’illustrer le Banquet du Livre. Nous lui avons demandé de nous raconter en images cette drôle d’année qui s’achève.