n° 80 : mardi 8 août 2017

Le pape est teinturier

Les Rebonds, espace de débat du Banquet du Livre, chaque matin à la Porte d'eau...

EDITO

« Comment ? Le pape est teinturier ?… » Dans la société idéale décrite par Anatole France dans son roman Sur la pierre blanche, il se trouve qu’effectivement le pape exerce le métier de teinturier, via dell’orso, à Rome. « Il faut bien qu’il ait un métier, comme tout le monde. » répond le personnage du roman. A quoi on ajouterait qu’en matière de blancheur de soutane et d’immaculé tout court, ce n’est pas forcément le plus mal placé.

Les sociétés idéales décrites dans les romans que nous relisons depuis le début de ce Banquet font toutes un peu peur. On se croirait dans la salle de gym de Pierre Rabhi… Si l’on excepte le doux An 01 de Gébé, on sent bien que ces conspirations toutes plus ou moins chrétiennes, surtout quand elles se réclament de l’anarchisme, sont parties pour finir dans le mur. Qu’il ne suffit pas de décréter l’égalité des hommes pour qu’elle advienne. Et on ne parle même pas des femmes.

 

Une journée au Banquet

Chaque jour, un passant considérable nous raconte sa journée au Banquet. Aujourd’hui, le romancier Mathieu Riboulet (Entre les deux il n’y a rien, Verdier 2015)

 

Le régime de lecture des écrivains diffère de celui des autres, les comédiens par exemple, comme l’a illustré la lecture de Céline Minard hier soir. Aucun jugement dans cet énoncé, la lecture de l’écrivain n’est en rien supérieure à celle des autres, elle peut même à l’occasion lui être franchement inférieure, c’est une simple question de tonalité, me semble-t-il, de voix intérieure, d’endroit d’où la voix s’élance… Les comédiens, dans un geste qui fait la difficulté et la beauté de leur art, comme nous avons pu le mesurer vendredi et samedi avec Anne Alvaro puis Serge Renko, s’effacent et tâchent de porter l’intention de l’écrivain qu’ils ont perçue à la lecture, puis dans l’énonciation du texte apportent, de biais, en la glissant dans les interstices, les failles, les silences, les respirations, les accélérations, leur propre voix, vocalement et émotionnellement caractéristique.

Céline Minard, lisant des extraits de ses propres textes mêlés à ceux de quelques illustres prédécesseurs, en in différenciant les uns des autres, en les unifiant et par les échos que sa lecture établissait de l’un à l’autre et par la source intérieure d’où sa voix s’élançait, sa source de lectrice, son souffle de lectrice, sa voix intérieure de lectrice, affairée et diverse, qu’elle avait, dirait-on, simplement rendue audible pour nous hier soir, a dessiné, qui apparaissait soudain extraordinairement lisible dans la nuit préservée, l’architecture de tous ces textes, leurs formidables soubassements, fondations, matériaux de construction, exigences d’ingénierie, qu’il s’agisse d’évoquer un cabanon perdu au fond des bois, un immeuble en plein New York, une baignoire au pied d’un arbre, le restaurant d’une station-service. C’est à l’aune de la solidité de ces constructions-là que des personnages peuvent apparaître, disparaître, revêtir divers degrés de réalité et repartir dans les cintres.

Dans un cas (comédiens) comme dans l’autre (écrivain), il nous reste les belles structures ainsi jetées dans la nuit pour dormir et peut-être rêver.

À l’issue de la première conversation sur l’histoire, ce midi, une auditrice m’aborde pour me poser, dit-elle, « une question annexe ». Je ne suis pas certain qu’il y ait des questions annexes, lui dis-je – je ne croyais pas si bien dire. Prudemment, mais clairement et délicatement, elle évoque l’absence de Dominique Bondu, et, peut-être plus encore que son absence, le silence qui entoure ladite absence. Je sais d’expérience, comme presque tout un chacun, combien le silence fait sur une disparition, en la redoublant, ressemble à un avis de décès. Aussi dis-je tout de suite à mon interlocutrice, sans hésitation mais avec toute les précautions qu’impose la place que j’occupe dans cette histoire, celle d’un qui prend le train en marche et ne saurait se faire le comptable d’une fort longue histoire (plus de vingt ans) qu’il n’a eu à connaître que depuis quelques années, s’en ériger en juge moins encore, que, pour toutes sortes de raisons, le collectif qui présidait aux choix du Banquet et à son fonctionnement s’en était, au fil de ces dernières années, progressivement remis à Dominique Bondu de ses responsabilités essentielles, assumées avec un talent indéniable par ce dernier, considéré par la plupart des habitués comme le maître d’œuvre de ces journées. Comme les choses, chacun le sait, évoluent, glissent, se déplacent, comme les équilibres se modifient, comme arrivent dans le collectif des éléments nouveaux désireux de prendre leur part de ce beau travail, de retrousser leurs manches, la nécessité de réintroduire, précisément, du collectif dans le fonctionnement s’est fait jour, qui semblait à tous pouvoir d’une part contenter l’envie de participation des « nouveaux », d’autre part décharger Dominique Bondu des lourdes responsabilités administratives et de programmation qui étaient les siennes et dont chacun s’accord à reconnaître, une fois encore, qu’il les a magnifiquement assumées. Un nouveau mode de fonctionnement fut donc pensé, discuté puis mis en place, duquel, in extremis, Dominique Bondu préféra se retirer. Je n’ai pas eu l’occasion d’évoquer avec lui les raisons de ce départ, je ne peux que regretter que sa force de proposition n’irrigue plus le courant de nos débats, et en prendre acte.

Je redis ici combien la place que j’occupe dans cette histoire prise en marche m’oblige à une certaine réserve (quelle que soit leur propension supposée à inventer des histoires, les écrivains, pas plus que les autres, n’ont à se substituer à celles et ceux qui peuvent encore se faire entendre) mais aussi à prendre cette parole mesurée que je risque dans ces lignes puisque les écrivains, plus que les autres, je crois, peuvent s’avancer dans l’obscurité pour y poser des mots et l’atténuer un peu. Il y a, dans le départ de Dominique Bondu et dans le silence qui lui succède, un deuil trop délicat à faire pour que ceux qui ont construit cette histoire de vingt ans et œuvrent aujourd’hui à ce qui s’annonce déjà comme un nouveau beau cru du Banquet, prennent la parole sans revenir aux jours anciens et raviver les peines. Ils l’ont fait pourtant, a minima, avec pudeur, cet après-midi. Je le fais aussi, d’autre manière et en un autre lieu, car nous sommes tous encore ici non pour déplorer mais pour nous étonner.

Mathieu Riboulet

 

Les interviews de la guinguette

En 2016, Marielle Macé prononçait ici une conférence, Sidérer, Considérer, qui résonna longtemps dans les conversations du Banquet. C’est aujourd’hui un livre, qui paraît dans quelques jours aux éditions Verdier. (Entretien Antoine Beauchamp / Lina Mariou)

Les livres des rêves

Depuis la nuit des temps littéraires, les hommes ont tenté d’imaginer les sociétés qu’ils étaient eux-mêmes incapables de bâtir. Même si, pour certaines, ce n’est pas plus mal, pour d’autres, la qualité des rêves, des inventions et des chimères leur ont fait traverser les âges. Nous vous en proposerons donc chaque jour, dans cette rubrique, quelques éclats. Aujourd’hui…

Sur la pierre blanche, d’Anatole France

Anatole France considérait Sur la pierre blanche, que Jaurès publia en 1905 dans le journal L’Humanité, comme l’une de ses œuvres les plus importantes, à côté de ses romans philosophiques. L’œuvre, construite sous la forme de dialogues philosophiques, traite de l’évolution de l’Humanité, et esquisse la possibilité d’une création des États unis du monde. Elle se termine par la description d’un idéal communiste en l’an 2270, et par une remarque sur les limites biologiques et temporelles de l’espèce humaine. L’humanité disparaîtra sûrement, mais d’autres espèces, plus intelligentes, prendront la suite.

Pour lire l’extrait, cliquez ici…

Le feuilleton de l'Iliade

Dominique Larroque-Laborde tient depuis hier matin son atelier de grec ancien, consacré cette année à la préparation de la lecture de l’Iliade, d’Homère, que des dizaines de lecteurs porteront en fin de Banquet, dans la nuit de vendredi à samedi… Chaque après-midi, Mélanie Traversier, elle, travaille en petits groupes avec ces lecteurs amateurs, répétant le texte, traquant les sens opportuns.

Antoine Beauchamp tient ici, en son seul, le feuilleton de cette aventure…

Hommage de l'auteur absent du Banquet...

L’absent, c’est un habitué du Banquet. Mais cette année, il n’est pas là. Pourquoi ? Et quel est l’état de son esprit en ce mois d’août 2017 ?…

Aujourd’hui, le philosophe Paul Audi.

 

Supposons qu’existe une « Grande littérature ». Celle-ci fut nécessairement antique avant d’être moderne. La Grande littérature antique a eu partie liée avec le Mythique. Le Mythique, sur lequel s’appuient l’Épique, le Lyrique et le Tragique, est cette instance discursive pour laquelle, à l’inverse de ce que professe le Prophétisme d’origine biblique, « tout est destiné » et, donc, d’une certaine façon, « néces­saire ». Quant au Tragique stricto sensu, il qualifie un événement ou un acte dont la nature consiste à être à la fois impossible et nécessaire. Il table sur la peur et suscite la pitié purificatrice. Il en va de même avec le Comique, qui se manifeste au travers du ridicule et en appelle au rire libératoire. Que le haut déchoie tragiquement par rapport à lui-même ou que le bas se hisse comiquement au-dessus de lui-même, la vie apparaît dans les deux cas comme une dure sanction chargée d’enseigner à l’homme comment se tenir dans les limites de son pouvoir… Mais le haut et le bas seraient-ils à ce point immuables dans leur positionnement respectif ? Le sont-ils même dans leur être ? En quoi consiste leur différence réglée ? À quoi tient la permanence de celle-ci ? Si l’un est relatif à l’autre, chacun ne l’est-il pas aussi par rapport à lui-même ? Et cette relativité intrinsèque ne conduit-elle pas à leur indistinction ? Ainsi, à force d’agiter ces questions de mille et une façons, entre-t-on dans un monde peuplé de contingences. Ainsi passe-t-on dans le champ d’indétermination que se chargera bientôt de mettre en valeur la littérature dite moderne. Et cela tant et si bien que s’il a incombé à la littérature antique d’articuler son inspiration poétique (épique, lyrique, tragique ou comique) à une aspiration mythique, force est d’admettre qu’il est revenu à la littérature moderne de s’écarter sensiblement, décisivement, d’un tel schéma.

Mais voici l’essentiel : tout en demeurant portée par une inspiration poétique et fécon­dée par une aspiration mythique, cette littérature, de façon générale, tous genres confondus, fut prise du désir de surdéterminer son aspiration épique, lyrique, tragique ou comique par le souffle prophétique. Du moins est-ce l’apanage de la Grande littérature moderne que d’avoir tenté de relever ce défi. Car celle-ci, tout particulièrement, se soutient des effets du « rien n’est impossible » qui ne cesse de filtrer au travers de la parole des Prophètes. Si donc, en elle, l’aspiration mythique en vient à croiser l’aspiration prophétique, c’est chaque fois afin que du jeu s’introduise là même où la conjonction du nécessaire et de l’impos­sible, qui servait de principe au Tra­gique, dictait jadis sa loi. Tel est, de la littérature moderne, l’enjeu « spirituel ». Cet enjeu façonne tout ensemble sa forme d’expression et sa forme de contenu. Et cependant, on ne peut hésiter à reconnaître que la Grande littérature moderne est là pour tenter l’impossible : elle espère rendre viable une contradiction. C’est qu’entre le Mythique et le Prophétique il faut choisir. Or, le fait est qu’elle ne choisit pas ; qu’elle refuse de choisir. Le plus souvent elle fait mine d’ignorer le dilemme. Elle fait comme si entre le destinal et le salutaire une heureuse cohabitation pouvait s’instaurer. Mais comment ? Par quel miracle ? Eh bien, par la seule grâce de l’inspiration poétique ! En clair : au langage de s’en arranger, et advienne que pourra. Pourvu, bien sûr, que le talent s’en mêle.

Au beau milieu du Moyen Âge, la littérature (grande ou petite) a commencé de nourrir une ambition dont elle ne fut pas tout de suite consciente : soumettre le nécessaire (que révèle l’aspiration mythique) à cette puissance surdéterminante du possible sur laquelle veille, comme par définition, l’aspiration prophétique. C’est bien là tout ce qui transparaît au travers du « réel » dont elle parle, qu’elle « imite », auquel elle donne figure langagière. La mimèsis dont elle se charge « représente » un monde où les choses ne sauraient être ni absolument nécessaires, ni simplement impossibles ; un monde qui n’accueille ni le saint, ni le sacré, où il n’est rien de mythique qui ne soit démystifié, rien de prophétisé qui ne se montre ou tragique ou comique. En fait, le « réel » irréel auquel elle a affaire est tout bonnement fictif.

Paul Audi

Variations sur l'action (5)

par Gilles Hanus

L’acte et la puissance

 

 

Nous concevons souvent l’action comme la manifestation ou l’expression d’une puissance. Nous avons donc tendance à considérer la puissance comme première. Mais son sens peut varier de la pure force à la capacité ou potentialité. Chez Aristote, au tout début presque de la philosophie, puissance et acte formaient un couple. Sans puissance, pas d’acte : on entend que l’acte est second, dérivé. Mais on peut aisément renverser la proposition, car la puissance seule ne saurait suffire. N’était l’acte qui l’accomplit, elle resterait pure potentialité non encore réalisée. C’est alors l’acte qui est essentiel parce qu’il révèle la puissance en lui donnant une certaine réalité.

Relisant Aristote, Giorgio Agamben souligne les « ambiguïtés et les apories de sa théorie de la puissance », moins pour la déclarer nulle et non avenue que pour en tirer une proposition un peu paradoxale : celle de « la co-appartenance constitutive de la puissance et de l’impuissance ». Qu’est-ce à dire ? Que cette puissance que nous supposons à l’origine de tout acte est aussi puissance de ne pas réaliser ce qui est en jeu en elle, que la véritable puissance ne réside pas uniquement dans le déploiement du possible, mais aussi parfois dans le retrait et le non-passage à l’acte. Au cœur de la théorie de la puissance se cacherait quelque chose comme l’affirmation d’une puissance de l’inaction.

Feuilleton : les révoltés de Counozouls

par Jacques Joulé

chapitre V

Retour au village. L’heure est grave, les habitants apprennent que leurs impôts vont augmenter pour couvrir les frais du procès. Tempête en vue. Payer, mais payer quoi ? Pourquoi ? Le ton monte : « On ne va pas se laisser faire ! On est dans notre bon droit ! On ne paiera rien du tout, jamais ! Ils n’ont qu’à venir ! » Counozouls se recroqueville comme au temps des incertitudes médiévales, les vieux réflexes sont encore là, on stocke des marchandises, les accès au village sont gardés, on se débrouille pour faire acheter des fusils par des intermédiaires de la plaine pour ne pas attirer l’attention, et on fabrique des cartouches dans le fond des granges. Les semaines passent, la situation est toujours bloquée. Les gardes de Jodot verbalisent encore un peu mais, devant l’hostilité montante des habitants, ils abandonnent le terrain. La forêt leur est devenue inaccessible. Les étrangers, les agents du fisc, les huissiers sont insultés, moqués et chassés. C’est tout juste si une délégation officielle d’experts est reçue, mandatée par la préfecture de l’Aude et chargée de la procédure dite de cantonnement, à savoir reconsidérer les droits d’usages établis au Moyen Âge pour le pacage (les pâtures pour les animaux dans les clairières), le marronnage (le prélèvement des bois de construction, solives, fabrication de meubles, entretien des charrettes et d’outils), l’affouage (le ramassage du bois mort pour le chauffage), le glanage (la circulation des porcs dans la forêt à certains moment de l’année pour les nourrir de glands). Tout cela est très réglementé, et tous ces droits ne s’appliquent qu’à une population bien identifiée, et pas pour un quelconque commerce ou bénéfice. La délégation de la préfecture doit donc rencontrer le maire et toute la population réunie pour l’occasion : c’est l’usage pour ce genre d’enquête. Le maire est donc questionné, mais ses réponses se perdent dans le gigantesque charivari déclenché par les villageois. Faire charivari, c’est faire le plus de bruit possible avec toutes sortes d’instruments et de recours : couvercles, casseroles, cris d’animaux, sifflets, cornes… tout ce qui peut faire du bruit est le bienvenu. Les experts sont paralysés : impossible de comprendre, de juger ni de conclure quoi que ce soit. Impuissants, ils décident de quitter les lieux, raccompagnés comme il se doit jusqu’à la sortie du village par une foule joyeuse, sous les quolibets et quelques noms d’oiseaux…

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L'image de fin, et à demain...

Patrick Boucheron a transporté ses Conversations sur l'histoire sous la halle de la place de la mairie, et a convié Mathieu Riboulet à un échange introductif
9 h
Marcher dans la garrigue avec Catie Lépagnole, rendez-vous à l’abbaye
9 h 15
Rebonds (9h15 / 9h45), débat avec l’écrivain Emmanuel Adely, au café Le Récantou, Porte d’eau
9 h 30
Atelier cinéma, présenté par Jean Narboni et Jacques Comets. Aujourd’hui, 1788 de Maurice Failevic. Salle des fêtes, aux Etiroirs.
10 h
Atelier grec, lecture de l’Iliade, école du village
10 h
CYCLE VIDEO ARCHIVES DU BANQUET
10 h : Conférence , Marielle Macé, « Vouloir voir le style : la vie attentive », 11 août 2011 (57’) / 11 h : Documentaire, Aharon Appelfeld, le Kaddish des orphelins, un film d’Arnaud Sauli, 2016, (52’) / 12 h : Conférence, Philippe Forest, « Le cœur des hommes est un », 6 août 2011 (55’) / 15 h : Lecture. Les Onze, de Pierre Michon, lu par l’auteur, 6 août 2009 (39’)
boulangerie des moines

11 h
Démarrage de l’atelier de philosophie animé par Françoise Valon, cour de la librairie, à l’abbaye
12 h 30
Patrick Boucheron, histoire mondiale de Lagrasse, Place de la halle
16 h 00
Jean-Baptiste Brenet, Conférence, Jardins de l’abbaye
17 h 30
Le Livre à la criée, Nathalie Quintane, librairie du Banquet
18 h 00
Jean-Christophe Bailly, Conférence, Jardins de l’abbaye
21h30
Lecture : Thierry Hesse, Jardins de l’abbaye

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photos Sarah Leduc