n° 96

Samedi 11 août 2018

Entre les deux

Magnifique soirée que celle que nous avons passée avec Mathieu Riboulet, dont les textes ont été si bien lus jeudi soir par l’écrivain Marie-Hélène Lafon et le comédien Serge Renko, avant la projection du film de Sylvie Blum qui lui est consacré. Sa présence émouvante, sa voix et son sourire, sa langue forte et singulière, engagée, tout nous rappelait ce qui nous manque à chaque instant. Pourtant disait-il,  » Ne jamais se dérober à la douleur du monde, mais toujours l’affronter avec sa joie intérieure »

 

Demain la veille

A première vue, la question des migrants est celle qui aura hanté, d’un bout à l’autre, ce Banquet d’été 2018. Quand on parle de « question », on ne parle pas de problème. Il est même tout à fait clair que nous parlons de nous, pas des autres. Rien ne distingue de nous ces hommes et ces femmes contraints de fuir leur propre pays et de chercher un abri dans des terres plus sûres. Rien sauf la mauvaise fortune des armes et des temps, ou une catastrophe plus ou moins naturelle. La seule question qui vaille est « où donc en est notre propre humanité, et notre capacité à habiter la terre ? »

Mais lorsqu’on y regarde de plus près, et en acceptant l’idée qu’il ne s’agit pas d’une seule et même chose, c’est la belle idée de veille qui nous aura animé. Celle que l’on doit à tous ceux, vivants et fantômes qui ont traversé le Banquet. D’un côté ou de l’autre de l’Orbieu, la rivière verte qui traverse notre village, les voix enfuies, les visages effacés sont venus, des ateliers aux conférences, des repas aux conversations nocturnes, nous visiter, nous rassurer : on ne meurt pas pour rien. Et les livres sont les passages les plus sûrs, les plus précis, pour projeter dans la vie, vers la vie, les idées et les rires.  Nous sommes ici.

Samedi 4 août, le jour de l’ouverture de ce Banquet qui s’achève aujourd’hui, on apprenait la disparition de l’ancien résistant Arsène Tchakarian, le dernier survivant du « groupe Manouchian ».

 » Tout avait la couleur uniforme du givre, à la fin février pour vos derniers moments, et c’est alors que l’un de vous dit calmement, bonheur à tous bonheur à ceux qui vont survivre, je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand  » Louis Aragon, L’Affiche Rouge

La criée Riboulet

Tous les jours, dans la librairie du Banquet, à 17h45 précises, un des invités du Banquet vient, à la Criée, vanter les mérites uniques d’un livre, et persuader les gens de se plonger dans sa lecture. Cette année, ce sont les livres de Mathieu Riboulet qui sont en vedette. Vendredi, c’est Marielle Macé qui, pour clôturer le cycle, faisait l’éloge de Nous campons sur les rives, paru en 2018 aux éditions Verdier…

Pour finir ils ont lu

Mélanie Traversier a animé toute la semaine, un atelier de lectures autour de témoignages de migrants et d’accueillants. Hier soir, elle donnait, avec ses lecteurs d’un soir, une restitution publique de leurs choix et de leur travail. Une belle manière de clore le Banquet.

Portraits

Tous les jours, le photographe Idriss Bigou-Gilles, très familier de Lagrasse et du Banquet du Livre, a réalisé pour nous des portraits d’auteurs et d’intervenants.

Voici, dans l’ordre, ceux de Jean-Claude Milner, Georges Mouamar, Catie Lépagnole et Françoise Valon, Gilles Hanus, Kiko Herrero, Jean-Louis Comolli, Achille Mbembé, Jean-François Corty, Serge Renko, Romain Bertrand, Marie-Hélène Lafon, Mélanie Traversier, Emanuele Coccia, Sébastien Thiéry, Patrick Boucheron, Dominique Sigaud, René Lévy, Dominique Larroque-Laborde, Yves Ravey, Marielle Macé, Michal Govrin et Mathieu Potte-Bonneville, Stéphane Habib, Jacques Comets et Bruno Pinchard. Merci à tous !…

Comme ça, pour terminer...