n° 89

samedi 4 août 2018

Dans la confusion des temps

Le Banquet d’été 2018 débute aujourd’hui.

Nonobstant, des enfants mineurs étrangers sont, en ce moment même en France, privés de liberté. Trois cent quatre (304) ont été enfermés l’année dernière dans notre pays, avec ou sans leurs parents. Ce chiffre est en augmentation de 70% par rapport à 2016.

En 2017, la France a été condamnée cinq fois par la Cour européenne des droits de l’homme pour ce scandale de l’enfermement des mineurs étrangers.

Comment subsaharien ? En tous les cas, t’es pas français. Et surtout, t’es pas Champion du Monde ! Allez, zou, en centre de rétention…

A la frontière italienne, selon la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, « Les mineurs voyageant à plusieurs ou accompagnés d’adultes de la même nationalité ou parlant la même langue sont considérés comme « faisant famille ». » Et donc pas comme des mineurs isolés. En conséquence, ils ne sont pas pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, mais refoulés avec les personnes arrivées en même temps qu’eux.

La République en Marche arrière.

A Lagrasse, 530 habitants, un Centre d’aide aux demandeurs d’asile accueille depuis de nombreuses années, au cœur du village, une cinquantaine de réfugiés de nationalités diverses. Même sans être porté sur les mathématiques, on peut considérer que 10% des habitants de Lagrasse sont aujourd’hui des réfugiés. Et c’est peu de dire que la vie du village s’en est enrichie sans dommage. Si l’on en a le goût, on lira ici l’histoire de cette aventure.

La loi « Pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie » a donc été adoptée définitivement par l’Assemblée nationale mercredi dernier, le 1er août. Tout indique qu’à partir de là, ce sera pire.

Bon Banquet à tous.

Au large de l’ile de Lanzarote, au cœur des Canaries, le sculpteur Jason deCaires Taylor a installé depuis janvier 2017, dans le Musée sous-marin « Atlantico », 300 figurants de béton, comme autant de migrants perdus sous la mer…

aujourd'hui

Tombé du camion

Chaque année, Christian Thorel et les équipes de la librairie toulousaine Ombres Blanches inventent pour le Banquet d’été une offre exceptionnelle de plusieurs milliers de livres sélectionnés en fonction du thème du Banquet, qui s’ajoute à la librairie permanente « Le Nom de l’homme ». Hier après-midi, derniers choix, derniers doutes…

Textes

 

Tribut nègre à la France

Par Achille Mbembe

Je voudrais croire que chaque fois que Mbappe, Umtiti, Pogba, Matuidi, Varane faisaient ce qu’ils savent si bien faire avec leurs muscles, leurs cerveaux, leur intelligence et un ballon de football, me transportant ce faisant avec eux, me poussant à vouloir leur faire don de mon propre corps afin qu’ils aillent sans encombre jusqu’au bout, je n’étais pas en train de me prosterner devant le veau d’or qu’est devenue, chez beaucoup d’entre nous, notre éternelle puissance tutrice.

Avec beaucoup d’autres téléspectateurs, j’ai assidument suivi les matchs de la Coupe du monde de football qui vient de se dérouler à Moscou. Et comme eux, je suis passé par les mille états d’émotion dont nous faisons l’expérience tous les 4 ans en de telles circonstances. Au départ, je soutenais, en bloc, toutes nos équipes africaines – Maroc, Égypte, Tunisie, Nigeria et Sénégal. Quelle agonie au fur et à mesure qu’elles se faisaient battre, souvent sur des scores étriqués, un but ou l’autre concédé à la dernière minute après tant de résistance et, au bout du fil, l’élimination – et l’espoir presque toujours déçu de meilleures performances une prochaine fois !

Une fois toutes les équipes d’Afrique éliminées, j’ai tout de suite reporté mon soutien sur nos frères du Sud du monde – la Colombie (aujourd’hui l’équipe la plus africaine d’Amérique Latine), le Brésil (ou la Négritude s’efforce une fois de plus de se mettre debout),  l’Argentine (qui s’est débarrassée de tous ses nègres au long du XIXe siècle), voire l’Uruguay (et ce en dépit du geste scélérat de Luis Suarez au détriment du Ghana en 2010).

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1918, l'été Joë Bousquet

Joë Bousquet, soldat (collection Centre Joë Bousquet)

 

Le 27 mai 1918, à Vailly-sur-Aisne, près de Soissons, sur le plateau de Brenelle, l’écrivain Joë Bousquet, poète et philosophe, est atteint par une balle en pleine poitrine qui blesse sa moelle épinière et provoque la paralysie immédiate et définitive des membres inférieurs. Dans un petit livre passionnant paru au mois de juin aux éditions Trabucaire, Serge Bonnery et Alain Freixe reviennent sur cet événement qui détermina la vie sociale et artistique de Bousquet, et le rapproche de sa « deuxième blessure » : en 1939, lorsque Bousquet voit partir au front ses amis de Carcassonne et d’ailleurs, sa moelle épinière se remet à saigner…

Les auteurs nous ont autorisés à reproduire ici, chaque jour, des extraits de leur livre. Aujourd’hui, Serge Bonnery revient sur l’épisode de la blessure, au début de cet été 1918…

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Regarder

A onze kilomètres de Lagrasse, l’artiste Philippe Aïni a installé, dans l’ancienne cave coopérative du village de Serviès en Val, un centre d’art contemporain remarquable qui propose, jusqu’à la fin de l’été, une exposition collective d’une trentaine d’artistes autour de la haute figure de Pierre Souchaud, le créateur d’Artension. Chaque jour, nous vous proposerons une œuvre exposée dans l’exposition. Mais aujourd’hui, nous commençons par une rencontre avec l’inventeur du lieu, Philippe Aïni…

Comme ça, pour terminer...

« Les politiciens discutant du réchauffement climatique« , œuvre d’Isaac Cordal, à Berlin.