Samedi 7 août 2021
Chaque Banquet est un parcours
Ça commence habituellement vers le mois de novembre, quand le thème de l’été suivant prend petit à petit sa forme définitive. Les premières réunions, les premiers noms propres qui circulent. Un temps où tout est ouvert, et surtout les esprits. Échanger. Ensemble. Repérer ce qui frétille un peu à l’écart des grands courants. Voir ce qui n’a pas encore été entr’aperçu.
Mais cette saison, c’est le contraire qui s’est produit. Chacun chez soi, vannes fermées, tout enfermé. Confinement d’automne. Et les lancinantes questions : quand pourra-t-on se revoir ? Y aura-t-il une autre vague ? Et est-ce que ça fait sens d’imaginer un nouveau Banquet pour été incertain ? Suivirent plusieurs mois de hauts et de bas, de courbes épidémiques et de textes réglementaires étudiés à la loupe, enfin compris juste avant qu’ils ne changent, et toujours aucune certitude.
Pendant ce temps, le temps. Il ne restait donc plus qu’à faire comme si. À nous convaincre nous-mêmes que nous allions le faire. À rassurer des invités qui parfois doutaient que l’on puisse imaginer un avenir immédiat à tout ça. Puis par petites touches, un programme est né, sans tapage. Et à le considérer enfin, bouclé, fini, imprimé même, on est surpris par sa force et sa cohérence.
Enfin, il y eut ce matin, comme chaque fois depuis vingt-sept ans. Un matin au début du mois d’août, frais, calme, quand le village dort encore, vous êtes seul et le mot « paix » vous vient à l’esprit. À l’abbaye, le grand chapiteau est installé, et les chaises s’alignent impeccablement. Vous vous asseyez, dans ce calme lumineux. Vous regardez tout ça. Et quelque chose alors vous serre le cœur. Une émotion profonde : une fois encore, cela aura été possible. « Au moins, on aura fait ça ». Parce nous sommes, mine de rien, des gens du faire. Qu’on ne sait pas réfléchir autrement.
Voilà, demain, ce soir, les gens seront là, et ça va recommencer, une année encore.
Merci de nous rejoindre.
Changement de programme
Hélas.
Le programme de cette première journée du Banquet 2021 aura connu un crash-test dont nous nous serions bien passé. Parmi nos trois invités principaux, Alice Diop, Pierre Bergounioux et Yannick Haennel, deux nous ont fait savoir, ces dernières heures, que leur état de santé, brusquement mis à l’épreuve, ne leur permettait pas d’être des nôtres. Alice Diop, dont nous verrons le film ce soir aux étoiles, sera bien là. Autour de ce que nous souhaitions entendre de Pierre Bergounioux et de Yannick Haennel, nous avons à la hâte, mais non sans exigence, bâti deux rendez-vous avec l’aide de Mathieu Potte-Bonneville – qui dialoguera avec Alice Diop, et qui lui posera entre autres les questions que Pierre Bergounioux souhaitait lui poser. Et en l’absence de Yannick Haenel, Patrick Boucheron propose un libre parcours dans l’œuvre de l’écrivain. Certainement pas pour y suppléer, mais pour suggérer que toute lecture est aussi un exercice de gratitude.
Tout ça ne compensera pas la déception de ne pas voir ces deux grands amis du Banquet. Mais cela ménagera le désir que nous avons de réfléchir avec eux.
700
Quand on a à ce point douté de pouvoir enfin commencer, enjambé tant d’arbres morts en travers de nos routes, sauté des passes comme des saumons fous, il ne faut pas se tromper sur la façon dont on démarre. Hier soir, dans le parc de l’abbaye, Patrick Boucheron et Mélanie Traversier convoquaient Dante Aligheri.
« Et consolant l’enfant, elle employait l’idiome qui d’abord réjouit les pères et les mères… » (Le Paradis, chant 15)
Ici, tout rime avec tout. 700 ans que Dante est mort, à Ravenne, laissant derrière lui l’écho d’une œuvre qui bouleversa son temps, et qui n’en finit pas de résonner. Dans un cours au Collège de France, Patrick Boucheron, en janvier 2018 rappelait, à travers l’engagement de Boccace pour l’œuvre de Dante, quel tremblement était né des trois fois trente-trois chants qui composent La Divine Comédie (écouter ici le cours).
Et comme il fallait, pour cette première soirée, illustrer de la plus belle et forte des manières ce qu’est un chemin, un parcours, question que nous allons tenter de déployer tout au long de cette semaine, l’œuvre de Dante s’imposait.
« Lire Dante, c’est surtout un effort infini qui, dans la mesure où il est couronné de succès, nous éloigne du but. Si une première lecture ne provoque en nous qu’essoufflement et saine lassitude, il faut se munir pour celles qui suivront d’une paire inusable de brodequins à semelles cloutées. Ce n’est pas plaisanterie de ma part si je me pose la question de savoir combien de semelles Aligheri a usé, combien de chaussures en peau de bœuf, combien de sandales ? Tout le temps qu’a duré son travail poétique, en cheminant sur les sentiers de chèvres de l’Italie… L’Enfer, et plus particulièrement le Purgatoire, célèbrent la foulée de l’homme, l’échelle et le rythme des pas, la plante de pied et sa forme. Le pas, conjugué au souffle, saturé de pensée, Dante voit en lui comme la source de la prosodie.«
Quelques destins
Des parcours de vie d’Audois, perdus dans les replis de l’histoire.
Aujourd’hui Pierre Bayle, le petit tambour de Toureilles.
C’est une bien belle chose que de se choisir, pour grand homme, un enfant de onze ans.
Le petit village de Tourreilles, près de Limoux, entretient la mémoire du plus jeune soldat français mort au champ d’honneur. Pierre Bayle avait 11 ans lorsqu’il tomba, le 1er novembre 1794, lors des combats de la bataille du Boulou…
Lire la suite
Idriss, quelle drôle d’année !
Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette année qui s’achève n’a ressemblé à aucune autre.
Pour en retrouver les sursauts, nous avons parcouru avec lui les archives d’Idriss Bigou-Gilles, jeune photographe de presse indépendant qui vit dans les Corbières.
En sept clichés, une drôle d’année, dont il faudra quand même se souvenir.
Photo n°1, L’incendie (24 juillet 2021 ; Feux de forêt sur les communes de Fabrezan et de Moux dans l’Aude)
Pour l’entretien avec Idriss, cliquez sur la photo
Une enfance et la guerre
Dima El Horr est une réalisatrice franco-libanaise qui vit entre Paris, Lagrasse et Beyrouth. Elle a choisi, pour cette année de parcours, de revenir sur quelques histoires de livres et de lecture qui ont marqué son adolescence, pendant la guerre.
Parcours de lecture
Parmi les grandes lectures qui ont marqué, depuis vingt-cinq ans, les nuits profondes ou les aimables après-midi du Banquet, il y eut celle-ci, le 14 août 2006, portée par Jean-Baptiste Harang, qui nous entraina à travers les pages du journal de Pierre Bergounioux…
numéro 120
Vendredi soir, inauguration et discours…
Le programme du jour
10h : ouverture des librairies et du bistrot
16h : Double voix. CHANGEMENT Mathieu Potte-Bonneville et Alice Diop (chapiteau de l’abbaye)
17h45 : La Criée (librairie du Banquet)
18 h : Conférence CHANGEMENT Patrick Boucheron, « Yannick Haenel, au point le plus vivant » (chapiteau de l’abbaye)
19h19 : Serge Pey, La Marche du poème (parc de l’abbaye)
21h30 : cinéma aux étoiles, Nous d’Alice Diop (parc de l’abbaye)
Mesures sanitaires
La nouvelle loi a rendu la passe sanitaire (vaccination complète, test PCR négatif ou certificat de rétablissement) obligatoire pour les manifestations comme le Banquet. Ce certificat vous sera donc demandé à l’entrée du site, où le port du masque est obligatoire.
Si vous n’êtes pas vacciné, la pharmacie de l’Orbieu réalise gratuitement des tests (sauf dimanche ; se munir de sa carte vitale) et délivre ensuite un document qui vous permettra d’assister au Banquet.