Jeudi 13 août

Rattrapés par la pandémie de coronavirus, qui semble reprendre un nouveau souffle aux relâchements de l’été, et par Flaubert, qui n’arrête pas de nous suivre, pas à pas. Gustave Flaubert, mais à Beyrouth, cette fois, où il est bloqué pour cause de suspicion de choléra, car le paquebot qui le ramène d’Alexandrie vient de Malte, où des cas ont été signalés. Bloqué pour pandémie, Flaubert ? On croit rêver.

« Conséquemment nous sommes claquemurés dans une presqu’île et gardés à vue – L’appartement dans lequel je t’écris n’a ni chaises ni divans ni table ni meubles ni carreaux aux fenêtres – on fait même petit besoin par la place des carreaux des dites fenêtres, détail que tu trouveras peut-être superflu, mais qui ajoute à la couleur locale – il n’y a rien de plus drôle que de voir nos gardiens qui communiquent avec nous à l’aide d’une perche, font des sauts de mouton pour nous éviter quand nous les approchons, et reçoivent notre argent dans une écuelle remplie d’eau – hier au soir, Sassetti a manqué faire à l’un d’eux dégringoler l’escalier à grands coups de pied dans le bas des reins – Pour nous purifier cet imbécile était venu nous empester avec des fumigations de soufre. Notre malheureux groom était déjà presque asphyxié et toussait comme cent diables enrhumés – Quand on veut leur faire des peurs atroces, on n’a qu’à les menacer de les embrasser – ils pâlissent – En résumé quoique nous soyons présentement dans un local de nom funèbre nous rions beaucoup – d’ailleurs nous avons sous les yeux un des panoramas comme on dit en style pittoresque des plus splendides du monde – la mer bleue comme de l’eau d’indigo bat les pieds du rocher sur lequel nous sommes huchés. Elle est si transparente que lorsqu’on descend au bord, on voit dans l’eau nager les poissons, et remuer au fond les grandes herbes et les varechs qui s’inclinent et se redressent au mouvement des vagues. »
Beyrouth, une épidémie, un écrivain, tout nous ramène à Lagrasse où ce soir, nous traverserons aux étoiles les embouteillages de Beyrouth, juchés sur un scooter rose, conduits par une jeunesse pleine de vie. C’était juste avant le confinement.

(Image du photographe Libanais Fouad El Koury, L’Oiseau, 1990)

midi : une carte

En 1119, l’abbaye de Lagrasse étendait ses possessions entre Toulouse et la Catalogne, au sud de Gérone. Cette dernière étape des géographies mouvantes du territoire de Lagrasse se tiendra sous la halle du village, comme au bon vieux temps…

Dictionnaire de l’Académie française :
Carte : Surface plane sur laquelle est représentée la figure de la Terre, du ciel ; par métonymie, cette représentation.
1. Ce qui représente le globe terrestre ou une de ses parties. Dresser, rectifier, consulter une carte. Calquer, décalquer une carte. Une carte muette, sur laquelle aucun nom n’est porté. Carte murale. Une carte à grande échelle. Une carte au millionième, au vingt-millième. Carte d’État-major. La carte de la France, des environs de Paris. Carte routière, touristique. Carte des régions et des départements. Une carte politique de l’Europe.
▪ Spécialement. Carte géologique. Carte hydrographique. Carte en relief, modelée en plâtre ou en plastique et reproduisant aussi les altitudes. Carte marine, à l’usage des navigateurs, qui indique les rivages, les récifs, les bancs, les hauts-fonds, ainsi que les phares, balises et amers. Faire le point et le reporter sur la carte.
▪ Expr. fig. Refaire la carte du monde, modifier, bouleverser les frontières des États. Rayer de la carte, détruire de fond en comble, anéantir. Après le séisme, cette ville a été rayée de la carte.
2.  Carte astronomique ou carte céleste, représentation graphique des constellations dans la situation qu’elles ont les unes par rapport aux autres. Une carte photographique du ciel. Une carte de la Lune.
3.  histoire littéraire. La carte du Tendre, imaginée par Mlle de Scudéry pour représenter allégoriquement les différentes approches de l’amour.

18 h : Jean-Claude Milner

C’est son dernier mot. Enfin, le dernier qu’il a cherché dans le dictionnaire. Et comme souvent, avec lui, le résultat est surprenant…
L’honneur de Pédonzigue, de Roger Rabiniaux : Ne cherchez Pédonzigue sur aucune carte, même celles d’état-major où pourtant tout est marqué, à l’exception des taupinières, et n’allez pas déduire du fait que la cité en question appartient à cette dernière catégorie. Non, s’il y a des taupes à Pédonzigue, au figuré s’entend, la ville recèle bien d’autres curiosités et ce sont celles que recense ici Roger Rabiniaux sous le noble vocable d’épopée et sur le ton lyrique approprié, rythmé et quasiment rimé…

22 h : La fille au scooter, de Dima El-Horr

Le film de la jeune réalisatrice Libanaise, tourné à Beyrouth, sera ce soir présenté aux étoiles, dans le parc de l’abbaye.
C’est le portrait de Zeinab, 26 ans, voilée, chiite, Beyrouthine, représentante commerciale pour une association qui octroie des micro-crédits à des particuliers dans les quartiers populaires de la banlieue sud de Beyrouth. Pour concurrencer ses collègues masculins, elle circule avec un scooter rose. Zeinab se joue avec habileté des codes sociaux, défiant les traditions qui lui sont imposées. Ce faisant, elle démontre toute sa singularité et ses contradictions.

Conversations avec Siro 5/6

Dima El-Horr est réalisatrice et libanaise. Elle vit entre Paris, Lagrasse et Beyrouth, où elle visite famille et amis plusieurs fois par an. Elle nous présentera, jeudi prochain à l’abbaye, dans une soirée de cinéma en plein air, La fille au scooter, le dernier film documentaire qu’elle a réalisé à Beyrouth en 2019. Juste avant le suspend de la pandémie, elle venait d’y terminer le tournage d’un nouveau film consacré à Siro, Sirvat Fazelian, une artiste libanaise, peintre et comédienne rencontrée en 2010 sur le tournage de son premier long métrage, Chaque jour est une fête.
Dima El-Horr nous propose ici, dans Corbières-Matin et jusqu’au 14 août, une petite série documentaire autour des communications téléphoniques qu’elle a régulièrement continué à avoir avec Siro. Des échanges par delà le silence des pays confinés, qui évoquent les questions que se pose la vieille femme, les douleurs de Beyrouth et du Liban plongés dans une profonde crise économique, politique et sociale, mais aussi la nostalgie et les espoirs de Dima. En ces jours où le drame s’est rajouté au drame, nous sommes heureux et fiers de ce rendez-vous quotidien.

Un été avec Delibes 5/6

 

Miguel Delibes est né il y a cent ans, à Valladolid, en Castille. Il est l’auteur d’une magnifique œuvre romanesque qui célèbre la campagne espagnole et ses fantômes, le peuple muet des années de dictature, mais aussi les affres de la petite bourgeoisie des villes ou la grande histoire du pays. La plupart de ses livres sont parus, en français, aux éditions Verdier.
Cette série vous propose de découvrir sa biographie, des extraits de ses livres, l’analyse des principaux thèmes qu’ils illustrèrent, et de retrouver, en six épisodes, le film documentaire que lui consacra, en l’an 2000, la série de France 3, Un siècle d’écrivains.

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La carte est le territoire

Tout au long de ce cycle estival, nous nous poserons la question des cartes. Et de la façon dont elles inventent l’image d’un territoire, d’un chemin, mais aussi de réalités plus complexes. La carte est un outil pour se situer dans l’espace, pour se déplacer, mais aussi pour faire surgir d’un territoire des réalités plus symboliques.
Celle d’aujourd’hui est à vendre…

RARE « CARTE TRES CURIEUSE DE LA MER DU SUD, Contenant des Remarques Nouvelles et Tres Utiles Non Seulement sur les Ports et Iles de Cette Mer, mais aussi sur les principaux Pays de l’AMERIQUE tant Septentrionale que Méridionale, avec les noms et la route des Voyageurs par qui la Découverte en a été faite. Le tout pour l’intelligence des dissertations suivantes », par Henri Abraham Chatelain (1684 – 1743), c.1720. Grande carte gravée sur papier vergé filigrané (Fleur de lys dans un écu couronné), en 4 feuilles réunies et entoilée. Coloris ancien. RARE ET BELLE CARTE riche en illustrations (CHUTES DU NIAGARA, CHASSE aux castors, Hommes sacrifiés, Pêche des Morues, portraits de Magellan, Colomb… Détroit de GIBRALTAR…) & diverses explications. Bon état de conservation. Cette carte somptueusement gravée est centrée sur le continent américain, mais s’étend à l’ouest pour inclure tous les pays du Pacifique jusqu’à Pékin, la Chine et l’Australie, et à l’est pour inclure une grande partie de l’Europe et la moitié occidentale de l’Afrique. Une des plus rares et spectaculaires cartes illustrées du XVIIIe siècle. (84 x 145)

Un mercredi pour Lire et Lier

 

18 heures, Christophe Pradeau et la littérature liée aux lieux.

Puis à la nuit tombée, Stéphane Habib et Mathieu Potte-Bonneville, toujours recommencer.

À Lagrasse, le port du masque est souhaité. Il est obligatoire dans la librairie de la Maison du Banquet, comme dans tous les commerces du village.

Il est fortement conseillé dans l’enceinte de l’abbaye, jusqu’à prendre place.

Les chaises seront installées en respectant les distances préconisées.

Le nombre de participants à nos rencontres étant limité, il est possible de réserver ses places pour les rencontres de l’après-midi à :

reservationlirelier@gmail.com en indiquant le prénom et le nom pour chaque réservation.

Pour tous les autres, l’entrée sera possible dans la limite des places restantes.

Pass journée 6€ ou adhésion sur place.

Gratuité pour les adhérents à l’association présentant leur carte 2020

Numéros précédents

Corbières-Matin n°115, du mercredi 12 août 2020
Corbières-Matin n°115, du mardi 11 août 2020
Corbières-Matin n°114, du lundi 10 août 2020
Corbières-Matin n°113, du dimanche 9 août 2020
Corbières-Matin n°112, du samedi 8 août 2020
Corbières-Matin n°111, du vendredi 7 août 2020
Corbières-Matin n°110, du jeudi 6 août 2020
Corbières-Matin n°109, du mercredi 5 août 2020
Corbières-Matin n°108, du mardi 4 août 2020
Toutes les archives de Corbières-Matin

 

 

Oh mon Dieu ! Plus que deux jours !…

jeudi 13 août

midi sous la halle : Espacer le temps : essais de cartographies parlées, Yann Potin et Patrick Boucheron. Carte en main, une géographie mouvante, et émouvante, d’un côté à l’autre des ponts de Lagrasse. Pour ce dernier rendez-vous, nous retrouvons la halle du village, point de départ de ce qui a lié, depuis quelques années, le Banquet au village, point d’arrivée cette année de notre déambulation.
18h à l’abbaye : L’éternel retour de la France éternelle, Jean-Claude Milner
Il n’y a pas cette année de Banquet du Livre à Lagrasse ? Il y a quand même Jean-Claude Milner. Il ne manquerait plus que ça  !…

 

22h à l’abbaye : Cinéma, La fille au scooter, un film de Dima El-Horr

En présence de la réalisatrice.

 

vendredi 14 août

11h30 à l’abbaye : Que restera-t-il de ces onze jours passés ensemble ? Les distances barrières, ou le fil invisible qui nous aura unis ?… Nous réunissons, sous la saule du parc, tous les auteurs encore présents ce vendredi midi, pour une séance de signatures et quelques rebonds improvisés.
Avec Jacques Bonnaffé, Christophe Pradeau, Marielle Macé, Yann Potin, Mélanie Traversier, Michel Jullien, Dima El-Horr, Jean-Claude Milner, Stéphane Habib, et Patrick Boucheron.

 

19h à l’abbaye : Relire, Revenir, Mélanie Traversier

Historienne, comédienne, lectrice, auteure de plusieurs livres sur la musique et le genre, Mélanie Traversier est aussi une fidèle de Lagrasse et de ses Banquets.

 

et pis c’est tout…